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1673

cupée de son mari. J’ai eu bien des visites et des civilités de Versailles.

Mon fils se porte très-bien. M. de Turenne est toujours dans son armée[1]. Ils sont à Philisbourg ; les Impériaux sont très-forts : vous savez bien qu’ils ont fait un pont sur le Mein[2]. Je trouvai Guitaut dans une telle fatigue de ces nouvelles, qu’il en mouroit. Je lui dis que rien ne m’avoit fait résoudre à quitter la Provence que le déplaisir de ne savoir plus de nouvelles, ou de les voir d’un autre œil.

L’abbé Têtu est entêté de Mme de Coulanges, jusqu’à votre retour, à ce qu’il dit. Je soupe quasi tous les soirs chez elle. Le cabinet de M. de Coulanges est trois fois plus beau qu’il n’étoit ; vos petits tableaux sont en leur lustre, et placés dignement. On conserve ici de vous un souvenir plein de respect, d’estime et d’approbation ; il me paroît que je pourrois dire tendresse[3], mais ce dernier sentiment ne peut pas être si général. J’embrasse M. de Grignan, et lui souhaite toute sorte de bonheur. En êtes-vous contente ? Voilà Brancas qui vous embrasse, et M. de Caumartin[4] qui ne vous embrasse pas, mais qui a eu une conversation admirable avec le bonhomme M. Marin[5], pour instruire son fils de la conduite qu’il doit tenir avec M. de Grignan. Je suis tout entière à vous, ma chère enfant.


  1. 10. « Dans l’armée de mon fils. » (Édition de 1754.) — Voyez le commencement de la lettre du 9 septembre 1675.
  2. 11. Voyez la note 9 de la lettre du 20 novembre suivant.
  3. 12. « Peu s’en faut que je ne dise de tendresse. » (Édition de 1754.)
  4. 13. Louis-François le Fèvre de Caumartin, « l’ami le plus confident et le conseil du cardinal de Retz. » (Saint-Simon, tome XVIII, p. 75.) — Voyez tome I, p. 520, note 4. — Il mourut à soixante-trois ans, le 3 mars 1687.
  5. 14. Le père du premier président. Voyez la note 8 de la lettre suivante.