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avez eu cette année le même dessein que l’autre, de vous éloigner de moi, vous avez encore mieux réussi. Pour moi je n’ai pas fait de mon côté les mêmes pas, et j’ai dessein d’en faire de bien opposés à ceux que je fis ; soyez sûre, ma bonne, que vous me verrez à Grignan ; laissez-moi conduire cette résolution. Il y a bien de la témérité à répondre ainsi de ses actions ; mais comme il est toujours sous-entendu que la Providence est la maîtresse, en attendant qu’elle se déclare, on peut prendre la liberté de dire au moins ses volontés.

J’ai lu votre lettre à ceux qui l’ont demandée. Il y a des choses qui ne sont point bonnes à écrire plusieurs fois. Je vous remercie de m’instruire si bien de votre marche. Quand vous voudrez m’instruire sur d’autres choses[1], vous ne vous en repentirez pas.

Je verrai Mme de Martel : la réception que son mari[2] vous a faite mérite bien cette civilité. J’en ai reçu beaucoup de votre prévôt de Laurens. Il m’assura par deux fois qu’il seroit toujours dans les intérêts de Grignan de cul et de tête[3] : cela me persuade. Je reçois avec plaisir

  1. Lettre 276 (revue sur une ancienne copie). — 1. Voyez la lettre 274, p. 64, 65.
  2. 2. Commandant la marine à Toulon : voyez plus haut, p. 64. — Mme de Martel était sœur du chevalier de Cissé. — Son mari « étoit, dit Bussy (dans le manuscrit de l’Institut), un vieil officier de mer qui, pour devenir lieutenant général, avoit passé par tous les degrés. Il étoit brave, et il savoit la marine, de sorte qu’il lui fut fort fâcheux d’être obligé d’obéir au comte d’Estrées, quand le Roi le fit vice-amiral. » Aussi n’obéit-il pas, et il fut mis à la Bastille le dernier d’octobre 1673. Voyez la Correspondance de Bussy, tome II, p. 306. « Martel, capitaine en 1635, lieutenant général de 1656-1679, n’est plus porté sur les états de la marine en 1682. » (Walckenaer, tome V, p. 66, note ; voyez encore même tome, p. 403 et suivante.) — Voyez aussi la lettre suivante, et celle des 6 et 7 août 1680, où Mme de Sévigné revient, vers la fin, sur la visite de sa fille à Toulon.
  3. 3. « On dit proverbialement d’un homme qui se tourmente extrê-