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vos lettres : c’est l’homme le plus aimable que j’aie jamais vu. Mme de la Fayette me prie fort aussi de vous parler d’elle ; sa santé n’est jamais bonne, et cependant elle vous mande qu’elle n’en aime pas mieux la mort, au contraire. Pour moi, j’avoue qu’il y a des choses désagréables dans la vie ; mais je n’en suis encore si dégoûtée que votre philosophie pourroit le souhaiter ; vous aurez bien de la peine[1] à m’ôter cette fantaisie de la tête.

Hélas ! ma petite, je ne vous ai point envoyé de jupe ; je voulois avoir d’une certaine étoffe ; je n’en trouve plus, et je me contenterai de vous en porter une autre avec une indienne, des petites étoffes de cette année, qui ne sont point du tout chères, et qui sont extrêmement jolies. Voilà, par exemple, de ces petites choses que vous ne m’empêcherez de faire et sur quoi vous me donneriez beaucoup de chagrin si vous les refusiez durement. Proposez-vous à ne me point fâcher.

Vous aurez su des nouvelles de M. de Coulanges par lui-même, et comme ils ont vu M. de Vivonne en passant, et passent doucement leur vie avec le marquis de Villeroi.

Mandez-moi si vous avez une gouvernante pour votre fils, et si vous voudriez que je vous en cherchasse une ; si vous ne la trouviez à votre fantaisie, nous serions quittes pour la ramener. J’ai cru d’abord qu’il eùt été meilleur d’en avoir une du pays, mais si vous n’en avez point trouvé qui vous plaise, il faut bien en avoir une qui veille sur tout.

Ma pauvre tante est toujours très-mal ; c’est un objet de tristesse qui fait fendre le cœur. Notre abbé vous

  1. 7. Dans le manuscrit : « que vous le pourriez souhaiter : vous avez bien de la peine. » Dans l’édition de la Haye (1726), on lit aussi vous avez pour vous aurez.