Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iv
AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.

Nous aimons à croire que ceux-là même nous pardonneront d’avoir voulu, partout ou faire se peut, reproduire les lettres telles qu’elles ont été écrites. En voyant le texte original, on appréciera d’autant mieux l’œuvre du chevalier, ce qu’il lui a fallu de courage et de patience (de son temps on eut ajouté : de bon goût), pour corriger la nature, tempérer le génie, et « rendre plus coulant et plus agréable aux lecteurs vulgaires le style étincelant et hasardé de l’incomparable marquise[1]. » Puis son œuvre d’ailleurs, nous n’avons pas voulu la supprimer (elle caractérise l’époque où il vivait), et l’eussions-nous voulu, nous ne l’aurions pas pu. Les deux Sévigné vivront : celle qui est sortie des mains de Dieu, et celle que le chevalier avait refaite à sa guise. Cette dernière a été trop souvent, trop fidèlement reproduite, pour n’être pas assurée, elle aussi, de l’immortalité. Dans l’édition même que nous donnons aujourd’hui, elle tient une grande place. Trop de lettres, hélas ne nous sont parvenues que dans l’état où Perrin les a mises : il n’en reste point d’autographes, point de copies anciennes, point d’impressions antérieures à celles du milieu du dix-huitième siècle.

Nous venons de nommer les trois sources où M. Monmerqué a puisé pour préparer sa nouvelle édition. Ce sont les originaux autographes, les copies anciennes, les éditions antérieures à Perrin. Tout cet appareil critique que M. Monmerqué avait réuni, que nous avons augmente depuis sa mort, n’épargnant pour cela ni frais ni peine, et qui s’enrichira encore, nous avons lieu de l’espérer, pendant l’impression, sera décrit et apprécié dans la Notice Bibliographique, qu’on a renvoyée, pour être sûr de la faire bien complète, au dernier volume. Cette notice sera suivie d’une table indiquant, lettre par lettre, d’où a été tiré le texte de chacune d’elles, et marquant, par l’authenticité et la pureté plus ou moins grandes de la source, le degré de confiance qu’il mérite.

Nous nous contenterons ici de dire aux lecteurs que les autographes qui se trouvent, soit dans les bibliothèques publiques, soit dans les collections privées, dont les possesseurs ont montré, à peu près sans exception, la plus libérale bienveillance,

  1. M, Cousin, la Société française au dix-septième siècle d’après le Grand Cyrus, tome I, p. 254.