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AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.


ont été collationnés avec une scrupuleuse attention, et qu’on les a exactement reproduits, sans se permettre, comme on s’en était cru le droit jusqu’ici (même parfois dans l’édition de 1818), d’y changer un seul mot, une seule construction.

Les originaux autographes sont malheureusement bien rares aujourd’hui; mais un grand nombre des lettres pour lesquelles ce secours manque ont été revues sur des copies anciennes, dignes de foi, qui ont permis de combler beaucoup de lacunes, souvent très-considérables, de réparer mille négligences, de corriger une infinité d’altérations volontaires. De ces copies, l’une contient les lettres échangées entre Mme de Sévigné et son cousin Bussy Rabutin : elle est tout entière de la main de Bussy lui-même. Deux autres manuscrits, dont l’un est écrit aussi par Bussy, ont fourni pour deux périodes, l’une assez longue, de cette partie de la Correspondance, d’excellents moyens de contrôle. Le texte des lettres à Pompone sur le procès de Foucquet a été notablement amélioré d’après deux copies qui, pour la plupart des additions et des corrections, sont d’accord entre elles. Enfin, pour le vrai fonds de la Correspondance, pour les lettres à Mme de Grignan, M. Monmerqué avait découvert un vrai trésor : une copie manuscrite fort considérable qui, avec un très-grand nombre d’autres lettres de la mère et de la fille, en contient heureusement une assez longue, dont l’original est parvenu jusqu’à nous : ce qui a permis de constater la fidélité de la copie, que recommandent d’ailleurs d’autres caractères d’authenticité. Cette transcription est, grâce à Dieu, l’œuvre de gens ignorants, et qui, s’il leur arrivait çà et là de ne pouvoir pas lire ou de lire mal, ne songeaient pas du moins à corriger ni à remanier.

Après les autographes et les copies manuscrites, il reste une troisième source, moins pure et moins sûre, mais précieuse aussi cependant, et qui confirme très-fréquemment les leçons et les additions du manuscrit dont nous venons de parler: ce sont les éditions antérieures au chevalier de Perrin, dans lesquelles on a déjà pris, il est vrai, certaines licences, et où de plus la négligence et l’ignorance ont souvent altère le texte primitif, mais qui du moins n’ont pas été systématiquement corrompues par cette méticuleuse prudence et ce purisme malavisé qui se sont donné plus tard si libre carrière.