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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/120

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NOTICE BIOGRAPHIQUE


du 29 janvier 1672, où madame de Sévigné écrit à sa fille : « J’ai pensé mourir dans ce jardin (de Sainte-Marie du faubourg) où je vous ai vue si souvent. » Il reste seulement bien établi qu’un peu plus tôt, un peu plus tard, mademoiselle de Sévigné fut élevée par les bonnes sœurs de Nantes, qui ne l’oublièrent jamais et se souvenaient bien longtemps après de toutes les paroles qu’elle avait prononcées chez elles[1]. Elle y faisait ce que madame de Sévigné appelle de belles retenues des lettres de sa mère[2], lettres charmantes sans doute qu’on voudrait lire encore.

Madame de Sévigné ne fut certainement séparée de sa fille que fort peu de temps. L’élever et l’instruire elle-même devait être pour elle la plus douce tâche. Ce fut elle qui lui apprit l’italien[3], probablement aussi le latin. Nous savons du moins qu’avant d’être mariée, mademoiselle de Sévigné lisait, aux Rochers, Tacite avec sa mère, qui lui en faisait admirer les belles périodes[4]. Mais pour la philosophie de Descartes, dans laquelle mademoiselle de Sévigné fut si versée, elle eut d’autres maîtres. Sa mère ne se piquait point de cette science. Il paraît que celui qui lui en donna le goût et les premières leçons fut l’abbé de la Mousse, docteur en théologie, zélé cartésien, « qui étoit fort glorieux, nous dit madame de Sévigné, d’avoir fait une si merveilleuse écolière[5]. » Cet abbé de la Mousse, si fréquemment nommé dans les lettres de madame de Sévigné, comme un des amis qu’elle emmenait le plus souvent avec elle aux Rochers, ne fut probablement connu d’elle qu’après le mariage du petit Coulanges avec mademoiselle du Gué, qui est de décembre 1659· Mademoiselle de Sévigné avait alors treize ans. Nous rapportons au mariage de Coulanges la première rencontre de madame de Sévigné avec la Mousse,

  1. Lettre de madame de Sévigné à madame de Grignan, 20 septembre 1675.
  2. Lettres du 25 janvier et du 1er février 1690. Madame de Sévigné écrivait aussi, le 15 novembre 1671: « Je crois qu’après avoir gardé les lettres que je vous écrivois quand vous faisiez des poupées, vous garderez encore celles-ci. »
  3. Lettre de madame de Sévigné à madame de Grignan, 4 mars 1671.
  4. Lettre de madame de Sévigné à madame de Grignan, 28 juin 1671.
  5. Lettre à madame de Grignan, 20 septembre 1671.