Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/20

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xiv
AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.
n’êtes point malade à mourir comme je vous ai vue! Ah! ma bonne, je suis trop heureuse. Au nom de Dieu, amusez-vous, appliquez-vous à vous bien conserver ; songez que vous ne pouvez rien faire dont je vous sois si sensiblement obligée. C’est à M. Grignan à vous dire la même chose, et à vous aider dans cette occupation. C ’est d’un garçon que vous êtes grosse, je vous en réponds ; cela doit augmenter ses soins.
ah! je suis trop heureuse. Au nom de Dieu, amusez-vous, appliquez-vous à vous bien conserver.
Je vous remercie de vous habiller ; vous souvient-il combien vous nous avez fatigués avec ce méchant manteau noir? Cette négligence étoit d’une honnête femme ; M. de Grignan vous en peut remercier, elle étoit bien ennuyeuse pour les spectateurs. C’est une belle chose, ce me semble, que d’avoir fait brûler les tours blonds et retailler les mouchoirs. Pour les jupes courtes, vous aurez quelque peine a les rallonger. Cette mode vient jusques à nous; nos demoiselles de Vitré, dont l’une s’appelle, de bonne foi, Mlle de Croque-Oison, et l’autre Mlle de Kerborgne, les portent au-dessus de la cheville du pied. Ces noms me rejouissent : j’appelle la Plessis Mlle de Kerlouche. Pour vous qui êtes une reine, vous donnerez assurément le bon air à votre Provence ; pour moi, je ne puis rien faire que de m’en réjouir ici.
Je vous remercie de vous habiller :

cette négligence que nous vous avons tant reprochée, étoit d’une honnête femme, votre mari peut vous en remercier, mais elle étoit bien ennuyeuse pour les spectateurs.


Vous aurez, ma chère bonne, quelque peine à rallonger les jupes courtes; nos demoiselles de Vitré, dont l’une s’appelle de Bonnefoi de Croqueoison, et l’autre de Kerborgne, les portent au-dessus de la cheville du pied. J’appelle la Plessis Mlle de Kerlouche ; ces noms me rejouissent.

Ce que vous me mande : sur ce que vous êtes pour les honneurs est extrêmement plaisant. J’ai vu avec beaucoup de plaisir ce que vous écrive à notre abbé; nous ne pouvons, avec de telles nouvelles, nous ôter tout à fait l’espérance de votre retour. Quand j’irai en Provence, je vous tenterai de revenir avec moi, et chez moi : vous se-