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SUR MADAME DE SÉVIGNÉ.


nement pas été publiées, si elles n’étaient de la petite-fille de madame de Sévigné. On y trouve néanmoins des expressions spirituelles et agréables, et toujours un ton de femme du monde, qui rappelle qu’elle avait été à bonne école. En général, elles donneraient l’idée d’un caractère solide et affectueux. Le chevalier de Perrin, dans une note de son édition de 1754 des lettres de madame de Sévigné[1], dit que madame de Simiane « possédoit au souverain degré le talent de bien parler, et le don de plaire sans aucune affectation ; que sa conversation étoit vive et enjouée. » Il ajoute « qu’un peu d’inégalité dans l’humeur était le seul reproche qu’on pouvoit lui faire, mais que son âme, d’ailleurs, était haute, généreuse, compatissante ; son cœur droit, sensible, ami du vrai. » Les éloges du chevalier de Perrin, ami de madame de Simiane, pourraient être soupçonnés de quelque complaisance ; mais tout au moins ce qu’il dit du charme que l’on trouvait dans sa société est rendu bien vraisemblable par la grande amitié que Massillon eut pour elle. On sait que Chamfort a raconté sur cette amitié des anecdotes sans preuves, et auxquelles le caractère respectable de Massillon ne permet pas d’ajouter foi sur une si légère autorité[2]. Son assertion fort étrange, que c’était pour lui plaire que le prélat avait mis tant de soin à composer ses discours synodaux, pourrait seulement être regardée comme une preuve de la réputation d’esprit et de goût qu’elle avait laissée.

Mais ce qui fera toujours profiter le nom de madame de Simiane de l’immortalité de celui de madame de Sévigné, c’est, avec toutes les pages charmantes que celle-ci a écrites sur l’enfance et sur la jeunesse de sa chère Pauline, la part que cette Pauline a prise aux premières publications des lettres de son aïeule. Elle avait communiqué au comte de Bussy, un des fils de celui dont nous avons si souvent parlé dans cette histoire, une partie de cette correspondance, qui fut insérée dans l’édition de 1726. En lisant la lettre qu’elle lui écrivit lorsqu’elle lui envoya les copies qu’il avait désirées, il est difficile de croire qu’elle n’entendait pas qu’elles fussent imprimées. Elle ne le

  1. Cette note se trouve au bas de la lettre du 6 octobre 1679.
  2. OEuvres de Chamfort, édition Auguis, 1824. Tome II, p. 133.