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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/344

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NOTICE BIOGRAPHIQUE

De la descendance des Grignan il ne restait que des filles, dont deux, madame de Vibraye et madame de Simiane, étaient mariées. L’une seulement des deux, madame de Simiane, descendait à la fois des Grignan et des Sévigné. Après la mort du comte de Grignan, M. de Simiane, qui était premier gentilhomme de la chambre du duc d’Orléans, dut à la faveur de ce prince la lieutenance générale de Provence, dans laquelle il succéda à son beau-père, au mois d’octobre 1715. Il avait obtenu, en même temps, un brevet de retenue de deux cent mille livres. Il ne jouit que trois ans de sa charge : il mourut le 23 février 1718, âgé de quarante-sept ans. Madame de Simiane passa plusieurs années à la cour, comme dame de compagnie de la duchesse d’Orléans. En 1720, elle fut une des quatre dames choisies pour accompagner jusqu’à Antibes mademoiselle de Valois, fille du régent, qui allait épouser le duc de Modène. Les trois autres dames étaient la duchesse de Villars, madame de Goyon et madame de Bacqueville[1]. Mademoiselle de Valois donnait à madame de Simiane le nom de chère maman. Depuis ce voyage où elle accompagna la princesse, madame de Simiane demeura en Provence et n’en revint plus[2]. Bien qu’elle fût l’héritière de maisons dont l’opulence avait été grande, sa fortune se trouva réduite à un fonds de quarante mille livres de rente. Elle eut à soutenir contre les créanciers de la succession de M. de Grignan, des procès devant le parlement d’Aix, qui durèrent plus de dix ans. Elle se vit forcée de vendre, en 1719, la terre de Bourbilly, et en 1732, celle de Grignan. Dans les dernières années de sa vie elle vécut très-retirée et dans une grande dévotion. Elle mourut le 3 juillet 1737, à Aix, où elle fut enterrée dans l’église du monastère de la Visitation.

Cette Pauline, dont l’esprit avait dans son jeune âge jeté un si vif éclat, et qui avait été formée par les : leçons de sa mère et de son aïeule, n’a laissé que quelques lettres, trop insignifiantes la plupart pour faire juger si elle avait hérité vraiment quelque chose de leur talent épistolaire. La plus grande partie de ces lettres est adressée à son ami le marquis d’Héricourt, intendant de la marine à Marseille. Elles n’auraient certai-

  1. Mémoires de Saint-simon, tome XVII, p. 409.
  2. Ibid., p. 411.