Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/393

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 363 —

1649

J’arrive présentement de notre expédition de Brie-Comte-Robert[1], las comme un chien : il y a huit jours que je ne me suis dépouillé. Nous sommes vos maîtres, mais il faut avouer que ce n’est pas sans peine. La guerre de Paris commence fort à m’ennuyer. Si vous ne mourez promptement de faim, nous mourrons bientôt de fatigue. Rendez-vous ou nous nous allons rendre. Pour moi, avec tous mes autres maux, j’ai encore une extrême impatience de vous voir. Si le cardinal Mazarin avoit à Paris, une cousine faite comme vous, je me trompe fort, ou la paix se feroit à quelque prix que ce fût. Tant y a que je la ferois, moi, car sur ma foi je vous aime fort. Adieu.


12. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN
À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Les ennemis étoient trop bien informés que les chevaux de carrosse que je répétois sous le nom du grand prieur de France n’étoient pas à lui, de sorte que Mme de Sévigné n’ayant pu les ravoir, je lui écrivis cette lettre le lendemain.

À Saint-Denis, ce 6e mars 1649·

Tant pis pour ceux qui vous ont refusé, ma belle cousine. Je ne sais pas si cela leur fera grand profit ; mais je sais bien que cela ne leur fait pas grand honneur. Pour moi, je suis tout consolé de la perte de mes chevaux par les marques d’amitié que j’ai reçues de vous en cette rencontre. Pour M. de la Mothe, maréchal de la Ligue[2], s’il

  1. « Cette expédition dura huit jours, pendant lesquels nous eûmes beaucoup de fatigue et peu de péril ; et ayant fait tout ce que nous voulûmes sans aucun obstacle, nous revînmes à Saint-Denis. » (Mémoires de Bussy, tome I, p. 182.)
  2. Lettre12. — i. C’est sans doute une allusion à Cossé Brissac, qui fut fait maréchal pour la Ligue par le duc de Mayenne en 1593.