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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/394

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a jamais besoin de moi, il trouvera un chevalier peu courtois.

Mais parlons un peu de la paix : qu’en croit-on à Paris ? L’on en a ici Fort méchante opinion : cela est étrange, que les deux partis la souhaitent et qu’on n’en puisse venir à bout[1].

Vous m’appelez insolent de vous avoir mande que nous avions pris Brie : est-ce qu’on dit à Paris que cela n’est pas vrai ? Si nous en avions levé le siège, nous aurions été bien inquiets ; car pour vos généraux, ils ont eu toute la patience imaginable, et toute la tranquillité : nous aurions tort de nous en plaindre.

Voulez-vous que je vous parle franchement, ma belle cousine ? Comme il n’y a point de péril pour nous à courre avec vos gens, il n’y a point aussi d’honneur à gagner : ils ne disputent pas assez la partie ; nous n’y avons point de plaisir ; qu’ils se rendent, ou qu’ils se battent bien. Il n’y a, je crois, jamais eu que cette guerre où la fortune n’ait point eu de part : quand nous pouvons tant faire que de vous trouver, c’est un coup sûr à nous que de vous battre, et le nombre ni l’avantage du lieu ne peuvent pas seulement faire balancer la victoire.

Ah ! que vous m’allez haïr, ma belle cousine ! Toutes les fleurettes du monde ne pourront pas vous apaiser.


  1. Cette paix que Bussy désirait tant fut consentie entre la Reine et les commissaires du Parlement le 11 mars. On ne le sut à Paris que le 13, et la déclaration royale qui en réglait les conditions ne fut approuvée par le Parlement que ier avril.