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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/422

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1655

virent ces assurances ; elles furent encore mêlées d’un moment de plaisir, et puis on ne fit autre chose que pleurer en se quittant.

Voilà, Madame, mon histoire amoureuse. Je pense que celle du surintendant n’est ni si gaie, ni si lamentable ; mais quelle qu’elle soit, je vous supplie de me la dire. Adieu, ma belle cousine.


29. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE
DE BUSSY RABUTIN.

Deux jours après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de la marquise, qui étoit la réponse à l’adieu que je lui avois fait en arrivant à Landrecy.

À Livry, ce 26e juin, 1655[1].

Je me doutois bien que tôt ou tard vous me diriez adieu, et que si ce n’étoit chez moi, ce seroit du camp devant Landrecy. Comme je ne suis pas une femme de cérémonie, je me contente de celui-ci, et je n’ai pas songé à me fâcher que vous eussiez manqué à l’autre. Je m’étois déjà dit vos raisons, avant que vous me les eussiez écrites, et je suis trop raisonnable pour trouver étrange que la veille d’un départ on couche chez des baigneurs[2]. Je suis d’une grande commodité pour la liberté publique, et pourvu que les bains ne soient pas chez moi, je suis contente, et mon zèle ne me porte pas à trouver mauvais qu’il y en ait dans la ville.

Depuis que vous êtes parti, je n’ai bougé de ce beau

  1. Lettre 29. — i. Voyez la note 1 de la lettre précédente.
  2. Les baigneurs tenaient alors des espèces d’hôtels garnis suspects, et se faisaient les intermédiaires de beaucoup d’intrigues. Le plus fameux baigneur de cette époque était Prudhomme, rue d’Orléans au Marais, à qui succéda la Vienne, qui devint par la suite premier valet de chambre du Roi.