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1656

* 42. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À S. A. R. MADEMOISELLE.

Aux Rochers, ce 30e octobre 1656.

Ô belle et charmante princesse
Vos adorables qualités,
Et plus encor vos extrêmes bontés
Font qu’à vous on pense sans cesse,
Que toujours l’on voudroit se trouver près de vous,
Que l’on voudroit toujours embrasser vos genoux.

C’est donc avec justice, Mademoiselle, que Votre Altesse Royale fut persuadée que j’aurois bien voulu être du nombre de celles, à Chilly, à Saint-Cloud et dans les autres lieux, qui se trouvèrent sur son passage, en allant à Forges[1]… Le mien sans doute eût été des plus zélés[2], mais ma joie eût été parfaite si j’eusse été assez heureuse pour me trouver à point :

Car vous, grandes Divinités,
Vous vous rendez plus familières
À nous autres humbles bergères,
Dans les lieux du monde écartés,
Parmi les bois et les fougères,
Que vous ne faites pas dans les grandes cités.

C’est sans doute où vous m’eussiez fait l’honneur de me dire vos sentiments de cette reine du Nord, dont
  1. Lettre 42. — i. Mademoiselle raconte dans ses Mémoires (tome II, p. 428 et suivantes)le voyage qu’elle fit, dans l’été de 1656, de Saint-Fargeau à Forges-les-Eaux, en Normandie (Seine-Inférieure). Elle s’arrêta à Chilly, près d’Essonne, pour y recevoir la visite de la reine d’Angleterre ; le lendemain, le comte et la comtesse de Béthune, Mme de Thianges, etc., la vinrent conduire à Saint-Cloud.
  2. Ce membre de phrase que nous reproduisons d’après la copie très-fautive d’où nous tirons cette lettre, n’a point de sens : il y a évidemment une lacune, mais elle est facile à combler quant à la pensée, et ce que veut dire Mme de Sévigné est bien clair. Le mien