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vous témoignez être si satisfaite[1]. J’ai reçu vingt-cinq ou trente lettres qui m’ont dit vingt-cinq ou trente fois la même chose : la belle réception qu’on lui a faite et celle qu’elle a faite aux autres.

Pour moi, Mademoiselle, je ne vous manderai point de nouvelles de ce pays dont vous puissiez être importunée de redites ; car je m’assure que je suis la seule qui vous puisse apprendre la cavalcade qu’ont faite à Nantes quelques dames du quartier Saint-Paul, en habit d’Amazones. Mme de Creil étoit la principale, et M. de Brégis[2] conduisoit cette belle troupe.

Tout ce qu’on voit dans les romans
De pompeux et de magnifique,
Tout ce que le moderne, aussi bien que l’antique,
À jamais inventé pour les habillements,
N’approche point des ornements
Dont cette troupe est parée,
Et je suis bien assurée
Qu’autrefois Thalestris,
Quand elle vint trouver, de lointaine contrée,
L’illustre conquérant dont son cœur fut épris[3],
N’étoit point si divine
Que de Creil, la divine,
Auprès du comte de Brégis.

    doit se rapporter à « empressement », ou à quelque mot semblable, qui était sans doute exprimé précédemment.

  1. Mademoiselle, à son retour de Forges, visita la reine Christine de Suède, d’abord à Essonne, puis à Montargis.
  2. Léonor de Flesselles, comte de Brégis (ou Brégy), fut, par le crédit de sa femme Charlotte Saumaise de Chazan, attaché à la Reine, et nommé successivement ambassadeur en Pologne, et en Suède du temps de Christine. Dans les Divers Portraits de Mademoiselle, il y en a plusieurs, entre autres celui de Mazarin, qui sont l’œuvre de Mme de Brégis.
  3. Thalestris, reine des Amazones, fit un voyage de trente-cinq jours de marche pour venir voir Alexandre. Cette comparaison pourrait bien être un souvenir du Balet loyal de Psyché, par Benserade, qui