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1664

je reçois de sa main. Peut-être pouvoit-on bien me l’épargner, après les services que j’ai rendus, et les charges que j’ai eu l’honneur d’exercer. » Après cela, M. le chancelier a continué l’interrogation de la pension des gabelles[1], où M. Foucquet a très-bien répondu. Les interrogations continueront, et je continuerai à vous les mander fidèlement. Je voudrois seulement savoir si mes lettres vous sont rendues sûrement[2].

Madame votre sœur[3] qui est à nos sœurs du faubourg a signé[4] ; elle voit à cette heure la communauté, et paroît fort contente. Madame votre tante ne paroît pas en colère contre elle. Je ne croyois point que ce fût celle-là qui eût fait le saut ; il y en a encore une autre.

Vous savez sans doute notre déroute de Gigeri[5], et

  1. Foucquet était accusé d’avoir reçu une pension de cent vingt mille livres des fermiers des gabelles.
  2. « Mon frère, dit l’abbé Arnauld dans ses Mémoires (tome XXXIV, p. 318), eut sa part à la disgrâce de M. Foucquet ; il fut relégué à Verdun. Y ayant été un an, il eut permission de se rapprocher jusqu’à la Ferté-sous-Jouarre, pour pouvoir conférer avec la famille de sa femme, sur les affaires que la mort de M. Ladvocat, son beau-père, avoit laissées. Il y fut encore dix-huit mois, au bout desquels il obtint (en septembre 1664) la liberté de demeurer à Pompone. » Il y trouva son père, Arnauld d’Andilly, à qui le chevalier du guet avait apporté, le 2 septembre, à Port-Royal des Champs, un ordre du Roi pour se retirer à Pompone.
  3. La sœur Marie-Angélique de Sainte-Thérèse Arnauld d’Andilly, qui avait été enfermée avec sa tante, la mère Agnès, une des sœurs d’Arnauld d’Andilly, au couvent des Filles de la Visitation du faubourg Saint-Jacques. Voyez la lettre 56, p. 444.
  4. La sœur de Pompone venait de signer le formulaire, acte par lequel on reconnaissait que les cinq propositions étaient hérétiques et qu’elles avaient été extraites du livre de Jansénius.
  5. Par le conseil de Colbert, qui voulait rétablir le commerce, troublé au Levant par les corsaires de Tunis et d’Alger, « le Roi, dit Bussy dans ses Mémoires (tome II, p. 208), avoit envoyé 6000 hommes sous le commandement du duc de Beaufort, amiral de France, et de Gadagne, lieutenant général sous lui, pour faire une