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SUR MADAME DE SÉVIGNÉ.


Visitation de Sainte-Marie, rue Saint-Antoine. Mais le registre des décès de la paroisse Saint-Paul a une autorité plus sûre, et il certifie que le convoi de la veuve madame de Chantal, fille de M. de Caulanges, se fit le 21 août 1633[1]. Deux lettres de sainte Chantal[2] auraient pu suffire pour établir cette date. Elle y répond aux condoléances qui lui ont été adressées à la fois sur la mort de son gendre le comte de Toulongeon, et sur celle de sa bru. Elle fut donc frappée coup sur coup par cette double perte. Or, le comte de Toulongeon mourut en septembre 1633.

L’affection de la mère de Chantal pour sa belle-fille, quoiqu’elle ne l’eût probablement jamais vue, paraît avoir été si profonde, qu’elle donne une haute idée du mérite et des vertus de Marie de Coulanges. « Ma très chère fille, écrivait la mère de Chantal à la mère de Puylaurens, je vous remercie de tout mon cœur des prières que vous avez offertes à Dieu pour feu ma pauvre très-chère fille, le départ de laquelle je pense que j’ai ressenti aussi vivement que saurait faire une mère le trépas de sa fille qu’elle aimait uniquement ; mais qu’y a-t-il à dire quand Dieu parle ?… Espérons que sa douce bonté sera père, mère, et toutes choses, à la petite que cette chère défunte a laissées[3]. »

L’orpheline restait confiée à M. et à madame de Coulanges, dont elle avait déjà, du vivant de sa mère, reçu les tendres soins, Madame de Coulanges (Marie de Bèze) était à la fois son aïeule et sa marraine[4]. Cette maison de Philippe de Coulanges avait vu naître et croître de nombreux enfants ; là toutes les vertus du père et de la mère de famille avaient pu

  1. 1. Voir dans les notes à la fin de la Notice l’extrait des registres de Saint-Paul, relatif au convoi de madame de Chantal (note 3).
  2. 2. L’une du 7 novembre 1633, adressée à M. Jacquator, conseiller du roi au parlement de Bourgogne, l’autre du 31 novembre de la même année, adressée à madame Jacquator. Voir les Lettres inédites, publiées par M. de Barthélemy.
  3. 3. Lettres inédites, publiées par M. de Barthélemy.
  4. 4. Elle l’avait tenue sur les fonts avec un des plus intimes amis de Chantal, Charles le Normand, seigneur de Beaumont, gouverneur de la Fère et premier maître d’hôtel du roi. Voir l’acte de baptême de madame de Sévigné, et sa lettre du 3 avril 1680, à madame de Grignan.