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1664 de cette somme ? » il a dit : « Oui, monsieur, mais ç’a été conjointement avec d’autres affaires, » qu’il a marquées, et qui viendront en leur temps. « Mais, a dit M. le chancelier, quand vous avez eu vos décharges, vous n’aviez pas encore fait la dépense ? — Il est vrai, a-t-il dit, mais les sommes étoient destinées. — Ce n’est pas assez, a dit M. le chancelier. — Mais, Monsieur, par exemple, a dit M. Foucquet, quand je vous donnois vos appointements, quelquefois j’en avois la décharge un mois auparavant ; et comme cette somme étoit destinée, c’étoit comme si elle eût été donnée[1]. » M. le chancelier a dit : « Il est vrai, je vous en avois l’obligation. » M. Foucquet a dit que ce n’étoit point pour le lui reprocher, qu’il se trouvoit heureux de le pouvoir servir en ce temps-là ; mais que les exemples lui revenoient selon qu’il en avoit besoin.

On ne rentrera que lundi. Il est certain qu’il semble qu’on veuille tirer l’affaire en longueur. Puis a promis de ne faire parler l’accusé que le moins qu’il pourroit. On trouve qu’il dit trop bien. On voudroit donc l’interroger légèrement, et ne pas aller sur tous les articles. Mais lui, il veut parler sur tout, et ne veut pas qu’on juge son procès sur des chefs sur quoi il n’aura pas dit ses raisons. Puis est toujours en crainte de déplaire à Petit. Il lui fit excuse l’autre jour de ce que M. Foucquet avoit parlé trop longtemps, mais qu’il n’avoit pas pu l’interrompre[2].

Ch***[3] est derrière le paravent quand on interroge ; il

  1. « M. Foucquet, pour montrer que le Roi pouvoit être quitte bien que les décharges ne fussent pas à l’Épargne, prit l’exemple des appointements qu’il avait payés à M. le chancelier, dont il avait le billet, bien qu’il ne fût pas encore à l’Épargne. » (Journal manuscrit de d’Ormesson.)
  2. Nouvelle preuve que Puis indique le chancelier ; il n’appartenait qu’au président de la chambre d’interrompre l’accusé.
  3. Chamillart, qui remplissait près la chambre de justice les