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écoute ce que l’on dit, et offre d’aller chez les juges leur rendre compte des raisons qu’il a eues de faire ses conclusions si extrêmes. Tout ce procédé est contre l’ordre, et marque une grande rage contre le pauvre malheureux. Pour moi, je vous avoue que je n’ai plus aucun repos. Adieu, mon pauvre Monsieur, jusques à lundi : je voudrois que vous pussiez connoître les sentiments que j’ai pour vous, vous seriez persuadé de cette amitié que vous dites que vous estimez un peu.


59. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À M. DE POMPONE.

Lundi 1er décembre.

IL y a deux jours que tout le monde croyoit que l’on vouloit tirer l’affaire de M. Foucquet en longueur ; présentement ce n’est plus la même chose, c’est tout le contraire : on presse extraordinairement les interrogations. Ce matin M. le chancelier a pris son papier, et a lu, comme une liste, dix chefs d’accusation, sur quoi il ne donnoit pas le loisir de répondre. M. Foucquet a dit : « Monsieur, je ne prétends point tirer les choses en longueur ; mais je vous supplie de me donner loisir de répondre. Vous m’interrogez, et il semble que vous ne vouliez pas écouter ma réponse ; il m’est important que je parle. Il y a plusieurs articles qu’il faut que j’éclaircisse, et il est juste que je réponde sur tous ceux qui sont dans mon procès. » Il a donc

    fonctions du ministère public, que Talon avait remplies avant lui. Tous deux conclurent à la potence. Chamillart était maître des requêtes ; il fut nommé, en 1666, intendant de Caen, et il y mourut en 1675. C’est son fils qui a été ministre sur la fin du règne de Louis XIV.