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1664 avec emportement : « Ah ! monsieur, vous deviez le dire plus tôt : voila une lourde faute. » M. d’Ormesson n’a rien répondu ; mais si Pussort lui eut dit encore un mot, il lui eût répondu : « Monsieur, je suis juge, et non pas dénonciateur. » Ne vous souvient-il point de ce que je vous contai une fois à Fresnes[1] ? Voilà ce que c’est : M. d’Ormesson n’a point découvert cela que lorsqu’il n’y a plus eu de remède. M. le chancelier a interrompu plusieurs fois encore M. d’Ormesson. Il lui a dit qu’il ne falloit point parler du projet[2], et c’est par malice ; car plusieurs jugeront que c’est un grand crime, et le chancelier voudroit bien que M. d’Ormesson n’en fît point voir les preuves, qui sont ridicules, afin de ne pas affoiblir l’idée qu’on en a voulu donner. Mais M. d’Ormesson en parlera, puisque c’est un des articles qui composent le procès. Il achèvera demain. Sainte-Hélène parlera samedi. Lundi, les deux rapporteurs diront leur avis, et mardi ils s’assembleront tous dès le matin, et ne se sépareront point qu’après avoir donné un arrêt. Je suis transie quand je pense à ce jour-là. Cependant la famille a de grandes espérances. Foucaut[3] va sollicitant partout, et fait voir un écrit du Roi, où on lui fait dire qu’il trouveroit fort mauvais qu’il y eût des juges qui appuyassent leur avis sur la soustraction des papiers[4] ;

  1. Lettre 62. — i. Chez Mme du Plessis Guénégaud.
  2. Voyez la note i de la lettre 60.
  3. Joseph Foucaut ou Foucault était le greffier de la chambre de l’Arsenal ; ce fut lui qui, en cette qualité, lut à Foucquet son arrêt : voyez la lettre 65, p. 476. Il fut après le procès en très-grande faveur. Son fils, Nicolas Foucaut, devint conseiller d’Etat et intendant du Languedoc, du Poitou, etc.
  4. Foucquet, dans les Mémoires et Remarques insérés au tome XVI de ses Œuvres, p. 261 et suivantes, se plaint que ses papiers aient été saisis par deux créatures de Colbert, Boucharat et Pelot, lesquels « admirent, dit-il, le sieur Colbert ma partie pour les visiter, qui ne