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que c’est lui qui les a fait prendre ; qu’il n’y en a aucun ; qui serve à la défense de l’accusé ; que ce sont des papiers qui touchent son État, et qu’il le déclare afin qu’on ne pense pas juger là-dessus. Que dites-vous de tout ce beau procédé ? N’êtes-vous point désespéré qu’on fasse entendre les choses de cette façon-là à un prince qui aimeroit la justice et la vérité s’il les connoissoit ? Il disoit l’autre jour à son lever, que Foucquet étoit un homme dangereux : voilà ce qu’on lui met dans la tête. Enfin nos ennemis ne gardent plus aucunes mesures : ils vont présentement à bride abattue ; les menaces, les promesses, tout est en usage. Si nous avons Dieu pour nous, nous serons les plus forts. Vous aurez peut-être encore une de mes lettres, et si nous avons de bonnes nouvelles, je vous les manderai par un homme exprès à toute bride. Je ne saurois dire ce que je ferai si cela n’est pas. Je ne comprends moi-même ce que je deviendrai. Mille baisemains à notre solitaire et à votre chère moitié. Faites bien prier Dieu.
On a voulu, après avoir bien changé et rechangé, que M. d’Ormesson dît son avis aujourd’hui, afin que le dimanche passât par-dessus, et que Sainte-Hélène, recommençant lundi sur nouveaux frais, fît plus d’impression. M. d’Ormesson a donc opiné au bannissement perpétuel et à la confiscation de biens au Roi[1]. M. d’Ormesson a
- ↑ M. le Fèvre d’Ormesson employa la matinée du samedi pour dire son avis, qui alla à un bannissement perpétuel avec confiscation de tous ses biens, sur lesquels il seroit pris une amende de cent mille livres ; il montra que le projet sur lequel on fondoit le crime d’État n’étoit que l’effet d’une passion passagère, et qui n’avoit eu
fit pas de scrupule d’en supprimer ni divertir ceux qui pouvoient me servir ou lui pouvoient nuire. »