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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/497

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que c’est lui qui les a fait prendre ; qu’il n’y en a aucun ; qui serve à la défense de l’accusé ; que ce sont des papiers qui touchent son État, et qu’il le déclare afin qu’on ne pense pas juger là-dessus. Que dites-vous de tout ce beau procédé ? N’êtes-vous point désespéré qu’on fasse entendre les choses de cette façon-là à un prince qui aimeroit la justice et la vérité s’il les connoissoit ? Il disoit l’autre jour à son lever, que Foucquet étoit un homme dangereux : voilà ce qu’on lui met dans la tête. Enfin nos ennemis ne gardent plus aucunes mesures : ils vont présentement à bride abattue ; les menaces, les promesses, tout est en usage. Si nous avons Dieu pour nous, nous serons les plus forts. Vous aurez peut-être encore une de mes lettres, et si nous avons de bonnes nouvelles, je vous les manderai par un homme exprès à toute bride. Je ne saurois dire ce que je ferai si cela n’est pas. Je ne comprends moi-même ce que je deviendrai. Mille baisemains à notre solitaire et à votre chère moitié. Faites bien prier Dieu.

Samedi 13e décembre.

On a voulu, après avoir bien changé et rechangé, que M. d’Ormesson dît son avis aujourd’hui, afin que le dimanche passât par-dessus, et que Sainte-Hélène, recommençant lundi sur nouveaux frais, fît plus d’impression. M. d’Ormesson a donc opiné au bannissement perpétuel et à la confiscation de biens au Roi[1]. M. d’Ormesson a

    fit pas de scrupule d’en supprimer ni divertir ceux qui pouvoient me servir ou lui pouvoient nuire. »

  1. M. le Fèvre d’Ormesson employa la matinée du samedi pour dire son avis, qui alla à un bannissement perpétuel avec confiscation de tous ses biens, sur lesquels il seroit pris une amende de cent mille livres ; il montra que le projet sur lequel on fondoit le crime d’État n’étoit que l’effet d’une passion passagère, et qui n’avoit eu