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NOTICE BIOGRAPHIQUE


lettres si remplies de sollicitude, il semble difficile de croire, malgré le silence de madame de Sévigné, que la mère de Chantal n’ait jamais trouvé une occasion de voir un enfant qui lui était si cher. En 1641, peu de temps avant sa mort, sur l’invitation de la reine Anne d’Autriche[1], elle se rendit à Saint-Germain-en-Laye, et de la elle vint à Paris, où elle demeura quelque temps, jusqu’au 12 novembre, chez les filles de Sainte-Marie de la rue Saint-Antoine. Quoiqu’elle y fût surchargée d’affaires et de visites, comment n’y aurait-elle pas donné quelque temps, quelques caresses et de pieux conseils à Marie de Chantal, qui avait alors quinze ans ? S’il l’est ici quelque doute, ce que du moins nous savons bien, c’est que madame de Sévigné parlait d’elle avec une vénération profonde, comme d’une sainte, quoiqu’elle n’ait pu connaître ni sa canonisation ni même sa béatification (1767 et 1751). Il lui semblait « que vouloir surpasser la mère de Chantal, ce fût proprement vouloir aller par delà paradis ; » partout où elle allait et où se trouvait un couvent de l’ordre fondé par son aïeule, elle aimait à se retirer au milieu des filles de Sainte-Marie, comme dans une famille. Elle passait les jours de pieux recueillement tantôt dans une cellule du couvent de la Visitation de la rue Saint-Antoine[2], tantôt à Sainte-Marie du faubourg Saint-Jacques[3]. Nous la trouvons à la Visitation de Moulins, dans la chambre où sa grand-mère était morte[4], à celle de Nantes[5], prêtant un peu hardiment aux religieuses de ce couvent, qu’elle aimait beaucoup, ses chers livres de Port-Royal ; et c’est à ces mêmes religieuses de Nantes qu’elle confie l’éducation de sa fille. Dans ces monastères de Sainte-Marie on lui donnait le nom de relique vivante[6]. En 1644 les filles de la Visitation publièrent quelques-unes des lettres de leur mère vénérée. Madame de Sévigné les lisait certainement. Il est à

  1. Voir le décret du pape Clément XIII pour la canonisation de la bienheureuse mère de Chantal.
  2. Lettres du 17 mai 1671, du 24 janvier et du 20 avril 1672.
  3. Lettres du 29 janvier 1672, jour de saint François de Sales, et du 19 avril 1680.
  4. Lettre du 17 mai 1676.
  5. Lettres des 17 mai, 25 mai et 15 juin 1680.
  6. Lettre du 24 mai 1676.