Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/507

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 477 —


1664 quet[1] et Lavalée[2], et les cris et les pleurs de ces pauvres gens ont pensé fendre le cœur de ceux qui ne l’ont pas de fer. Ils faisoient un bruit si étrange que M. d’Artagnan a été contraint de les aller consoler ; car il sembloit que ce fût un arrêt de mort qu’on vînt de lire à leur maître. On les a mis tous deux dans une chambre à la Bastille ; on ne sait ce qu’on en fera.

Cependant M. Foucquet est allé dans la chambre d’Artagnan. Pendant qu’il y étoit, il a vu par la fenêtre passer M. d’Ormesson, qui venoit de reprendre quelques papiers qui étoient entre les mains de M. d’Artagnan. M. Foucquet l’a apercu ; il l’a salué avec un visage ouvert et plein de joie et de reconnoissance. Il lui a même crié qu’il étoit son très-humble serviteur. M. d’Ormesson lui a rendu son salut avec une très-grande civilité et s’en est venu, le cœur tout serré, me raconter ce qu’il avoit vu.

À onze heures, il y avoit un carrosse prêt, où M. Foucquet est entré avec quatre hommes ; M. d’Artagnan à cheval avec cinquante mousquetaires[3]. Il le conduira juques à Pignerol, où il le laissera en prison sous la conduite

  1. Jean Pecquet né à Dieppe, anatomiste célèbre et médecin de Foucquet. On lit dans les Mélanges qu’Argonne a publiés, sous le nom de Vigneul de Marville, que Pecquet ne pouvait se consoler d’avoir perdu un aussi bon maître, et qu’il disait souvent que Pecquet avait toujours rimé, et rimerait toujours avec Foucquet. Il fut relégué à Dieppe ; Mme Foucquet obtint son rappel. Il fut nommé membre de l’Académie des sciences, lors de la fondation de cette compagnie. Pecquet, comme nous le verrons plus d’une fois, était aussi le médecin de Mme de Sévigné.
  2. Lavalée était le valet de chambre de Foucquet. On lit au tome XVI des Œuvres, p. 356, « qu’on a retenu dans la Bastille le médecin et le valet de chambre de M. Foucquet, de peur qu’étant en liberté ils ne donnassent avis de sa part à ses parents et amis pour sa délivrance. »
  3. Il est dit dans les Œuvres (tome XVI, p. 355) que l’escorte était de cent mousquetaires.