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plaisirs que moi, mais il n’y en a point au monde qui aient moins de peines. Cependant J’ai autant de courage et d’ambition que j’en ai jamais eu. Il est vrai que je ne suis pas assez fou pour me tourmenter pour des maux inévitables. Après les contrariétés de la fortune, je suis aussi peu fâché de n’être pas maréchal de France, que de n’être pas roi. Un honnête homme fait tout ce qu’il peut pour s’avancer, et se met au-dessus des mauvais succès quand il n’a pas réussi :

Quand on n’a as ce que l’on aime
Il faut aimer ce que l’on a.

Je fais des vers aussi bien que vous, Madame ; mais je suis assuré que je savois les miens, et je crois que vous avez fait les vôtres.

Mlle de Sévigné a raison de me faire des amitiés. Après vous, je n’aime ni n’estime rien tant qu’elle : je suis pour ses intérêts, comme vous êtes pour les miens. Je suis assuré qu’elle n’est pas si mal satisfaite de sa fortune que moi ; et sa vertu lui fait attendre sans impatience un établissement avantageux, que l’estime extraordinaire que j’ai pour elle me persuade être trop lent à venir. Voilà de grandes paroles, Madame ; mais en un mot, je l’aime fort, et je trouve qu’elle devroit plutôt être princesse que Mlle de Brancas[1].

  1. Françoise de Brancas, mariée le 2 février 1667 à Alphonse-Henri-Charles de Lorraine, prince d’Harcourt devint dame du palais de la Reine. Son père était le comte de Brancas, frère du duc de Brancas Villars (voyez la note 8 de la lettre 109). Son mari, fils d’Anne d’Ornano, comtesse d’Harcourt était cousin germain du comte de Grignan. Voyez, au sujet de la princesse d’Harcourt, la lettre du 6 janvier 1672.

    À la suite de la lettre 72, on lit dans notre manuscrit les lignes suivantes, de la main de Mme de Coligny : « Je vous envoie encore une requête au Roi que je fis à la Bastille, au nom de Vardes, de