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1667 sœur[1], qui est un fruit nouveau que vous ne connoissez pas, et Mlle de Sévigné sur le tout, allant et venant par le cabinet comme de petits frelons. Je suis assurée, Monsieur, que toute cette compagnie vous plairoit fort, et surtout si vous voyiez de quelle manière on se souvient de vous, combien l’on vous aime, et le chagrin que nous commençons d’avoir contre Votre Excellence, ou pour mieux dire contre votre mérite, qui vous tient longtemps à quatre ou cinq cents lieues[2] de nous.

La dernière fois que je vous écrivis, j’avois toute ma tristesse et toute celle de mes amis[3]. Présentement, sans que rien soit changé, nous avons toutes repris courage : ou l’on s’est accoutumé à son malheur, ou l’espérance nous soutient le cœur. Enfin nous revoilà tous ensemble avec assez de joie pour parler avec plaisir des Bayards et des comtesses de Chivergny, et même pour souhaiter encore quelque nouvel enchantement. Mais les magies d’Amalthée[4] ne sont pas encore en train, de sorte que nous remettons l’ouverture du théâtre pour la Saint-Martin[5].

  1. Élisabeth-Angélique de Guénégaud. Elle épousa en 1671 François, comte de Boufflers, frère aîné du maréchal. Voyez la lettre du 26 février 1672.
  2. Dans la copie d’où nous tirons cette lettre, on avait d’abord ecrit trois ou quatre cents lieues, puis on a effacé trois ou, et écrit ou cinq au-dessus de la ligne.
  3. Ceci se rapporte évidemment au malheur de Foucquet et de sa famille.
  4. Voyez la note 12 de la lettre 55.
  5. On jouait à Fresnes de petites pièces de société, dont les sujets étaient puisés dans les romans de chevalerie, pour lesquels Mme de Sévigné convient qu’elle avait un grand faible. Les Bayards et les comtesses de Chivergny (dans la copie Chiurgny) désignent sans doute ici deux personnages soit de ces pièces, soit des romans d’où on les tirait. Pompone, dans une lettre du 5 juin 1666, à Mme du Plessis Guénégaud, parle des « transformations de Louis Bayard. » Nous ne