Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/526

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 496 —

1667

de se souvenir d’eux, que j’en suis fort offensée. J’étois déjà préparée à la liberté que vous deviez prendre de m’écrire, et je ne saurois m’accoutumer à celle que vous prenez de m’oublier. Vous voyez que je ne vous la donne pas longtemps. J’ai soin de mes intérêts. Je n’ai pas même voulu les mettre entre les mains de Mme de Coulanges[1]2, pour vous faire ressouvenir de moi. Il m’a paru qu’elle n’étoit pas propre à vous en faire souvenir agréablement. Il ne faut point confondre tant de rares merveilles, et je ne prendrai point de chemins détournés pour me mettre du nombre de vos amies. Je serois honteuse de devoir cet honneur à d’autres qu’à moi. Je vous marque assez l’envie que j’en ai, en faisant un pas comme celui de vous écrire ; s’il ne suffit, et que vous ne m’en trouviez as digne j’en aurai l’affront ; mais aussi ma vanité sera satisfaite si je viens à bout de cette entreprise. Je suis votre servante,

M. de Sévigné.

Ma mère est votre très-humble servante[2].


  1. Marie-Angélique du Gué Bagnols, femme de Philippe-Emmanuel de Coulanges : voyez la Notice, p. 141. Mme de Coulanges était cousine germaine de l’abbé le Tellier et de Louvois : voyez la note 3 de la lettre 114.
  2. L’original de cette lettre avait été trouvé à la Bibliothèque royale, dans les papiers de l’archevêque de Reims. Il n’est plus là aujourd’hui ; au moins l’y avons-nous cherché en vain. « Elle avait été close, dit M. Walckenaer (tome III, p. 80), au moyen d’une faveur couleur de rose, retenue aux deux bouts par un double cachet carré, très-petit, en cire noire, portant l’empreinte d’une grenade fermée, avec ces mots italiens : Il piv. grato. nasconde, « ce qu’elle a de meilleur, elle le cache. »