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1668 avoue qu’elle me fit plaisir, quoique je ne m’y attendisse pas. Il me sembla que je ne la méritois non plus que la dureté que vous m’aviez témoignée pendant ma prison ; mais enfin je revins de bonne foi pour vous, et il me parut que nous étions bien ensemble quand nous nous quittâmes a Paris. Aussitôt que je fus chez moi, je vous écrivis une lettre, ou je badinois avec vous, et où vous pûtes voir bien de la tendresse ; vous fûtes sept ou huit mois sans me faire réponse[1], et par là je crus que vous ne vous souciiez pas trop d avoir commerce avec moi. Je suis assez glorieux naturellement, et dans la conjoncture présente quatre fois plus que si j’étois ce que je devrois être ; de sorte que je rengainai les amitiés que je voulois vous faire tant que j’eusse été absent. Mme d’Époisse vous dit que j’étois blessé à la tête, et sur cela vous me faites un compliment. Vous savez combien agréablement je le recus et avec quelle douceur je répondis à la petite attaque que vous me donniez, en me disant que je vous haïssois parce que je vous avois offensée. Sur cela vous me faites une espèce d’éclaircissement, par lequel vous prétendez que j’ai tout le tort, et que vous n’en avez point du tout ; et moi je vous réponds aujourd’hui que nous en avons tous deux : que cependant j’en ai bien plus que vous et que c’est pour cela que je vous en demande mille pardons.

Au reste, ma chère cousine, ne pensez pas que la peur de vos procès-verbaux m’oblige de vous crier merci : je suis plus en état de vous faire craindre sur cela que vous moi ; je n’ai rien à faire, et pour une lettre que vous

    le comte de Bussy fût conduit pour rétablir sa santé. La lettre, signée du Roi, qui transmet cette autorisation à Bezemaux, gouverneur de la Bastille, est du 16 mai 1666. Bussy resta chez Dalancé jusqu’au 6 septembre de la même année, époque à laquelle il obtint la permission de se retirer dans ses terres de Bourgogne.

  1. Voyez les lettres 70 et 71.