Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/547

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1668 m’écririez, je vous en écrirois quatre. Mais je vous avoue que j’ai mille fois plus de tort que vous, parce que ma représaille a été plus forte que l’offense que vous m’aviez faite, et que je ne devois pas m’emporter si fort contre une jolie femme comme vous, ma proche parente, et que j’avois toujours bien aimée. Pardonnez-moi donc, ma belle cousine, et oublions le passé au point de ne nous en ressouvenir jamais. Quand je serai persuadé de votre bonne foi dans votre retour pour moi, je vous aimerai mille fois plus que je n’ai jamais fait ; car après avoir bien ce qu’on appelle tourné et viré, je vous trouve la plus agréable femme de France.

Je mande à un gentilhomme qui vous rendra celle-ci de vous donner un placet pour M. Didé.

Mais vous ne me répondez rien sur la plaisanterie des corniches : cependant vous n’êtes pas personne à vous laisser donner votre reste sur ces matières-là. Est-ce que vous êtes fatiguée de la longueur de votre lettre ? ou si vous ne voulez pas traiter avec moi ce chapitre, craignant ma rechute, et qu’après cela je ne vous fasse une affaire ? Ne vous contraignez pas une autre fois, ma chère cousine : vous pouvez surement vous ouvrir à moi sur ce sujet, sans appréhender ni que je retombe, ni que je vous trahisse si j’étois assez maudit pour retomber. Au reste, Madame, je vous suis trop obligé de la peine que vous ont donnée pour moi les réflexions que vous avez faites sur ces nouveaux maréchaux ; mais il faut que je vous console une fois pour toutes sur ces matières, en vous disant que moi qui suis l’intéressé, et qui ne suis ni fou, ni insensible, je regarde cela avec un mépris digne d’un galant homme persécuté. Si on ne donnoit ces honneurs-là qu’à des gens qui eussent autant servi que moi, et je puis dire aussi utilement pour l’État, et aussi glorieusement pour leur réputation, je serois chagrin de la