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être aussi veulent-ils mettre sous mon nom l’injure qu’ils ont dessein de faire a la maison de Sévigné. Voici, mot pour mot, ce qu’il y a au-dessous du portrait que j’ai de vous dans mon salon :

Marie de Rabutin, fille du baron de Chantal, marquise de Sévigny, femme d’un génie extraordinaire et d’une vertu compatible avec la joie et les agréments[1].

Si j’y avois mis ce que vous me mandez, je vous l’avouerois ingénument et je changerois l’écriteau si j’étois persuadé ; car il se fait tant de friponneries en contrats, que je m’en rapporte plus aux histoires approuvées, et à la voix publique, qu’aux faiseurs de généalogies.

Pour les maisons que vous me mandez qui sont meilleures que la nôtre, je n’en demeure pas d’accord[2]. Je le cède à Montmorency pour les honneurs, et non pour l’ancienneté ; mais pour les autres, je ne les connois pas, je n’y entends non plus qu’au bas breton ; je ne suis pas cependant sans quelque connoissance en cette matière. Je tiens les Guesclin les Rosmadec les Coetqen et les Rieux, meilleurs que les Quelnec, les Baraton et les Châteaugiron. Mais il n’est pas question de faire des comparaisons. Il ne s’agit d’autre chose que de vous assurer encore une fois que ceux qui vous ont si soigneu-

  1. Voyez la Notice, p. 324, 325, et p. 33, note i. — M. de Mussey a fait copier, au château de Bussy, le portrait de Mme de Sévigné, et a relevé au bas l’inscription que voici, dont les termes sont très-peu différents de ceux que nous lisons dans cette lettre : Marie de Rabutin, marquise de Sévigné, fille du baron de Chantal, femme d’un génie extraordinaire et d’une solide vertu compatible avec beaucoup d’agréments. — Dans les deux inscriptions suivantes, notre manuscrit n’a pas Sévigny, mais Sévigné.
  2. Les mots « que vous me mandez… », jusqu’à « d’accord » sont biffés dans le manuscrit de Bussy, mais on peut les lire.