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sement instruite de la souscription que j’ai de vous dans mon salon de Bussy, ont faussement menti, et que vous ne devez pas vous fier à ces gens-là.

J’ai encore un autre portrait de vous dans ma chambre, sous lequel ceci est écrit :

Marie de Rabutin, vive, agréable et sage, fille de Celse-Bégnigne de Rabutin et de Marie de Coulanges, et femme de Henri de Sévigné.

Dans notre généalogie que j’ai fait mettre au bout de ma galerie de Bussy, voici ce qui est écrit pour vous :

Marie de Rabutin, une des plus jolies filles de France, épousa Henri de Sévigné, gentilhomme de Bretagne, ce qui fut une bonne fortune pour lui, à cause du bien et de la personne[1] de la damoiselle.

Il n’y a pas un endroit dans toutes ces souscriptions dont la maison de Sévigné se pût plaindre. Pour ce qui est de celui où je dis que vous avez été une bonne fortune pour Monsieur votre mari, je ne sais pas s’il auroit eu la sincérité d’en convenir ; mais je sais bien que vous l’auriez été d’un plus grand seigneur que lui, et d’un homme de plus grand mérite : j’ai cela tellement dans la tête, que rien ne me le sauroit ôter.

Je croyois qu’après notre dernier combat je n’aurois jamais d’affaire avec vous, et particulièrement sur les portraits ; mais je vois bien qu’il faut que vous ayez ma vie, ou que j’aie la vôtre[2].


  1. L’édition de 1818 et toutes celles qui l’ont suivie ont fortune au lieu de personne.
  2. Dans le manuscrit de Langheac, la lettre se termine ainsi : « Adieu, ma belle cousine, je vous aime en vérité de tout mon cœur. »