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autres croient être comme nous, et sont près d’être favoris ; d’autres ne sont rien, et se ruinent courageusement à attendre un malheur décidé. Je vous conterai toute l’histoire des Petites-Maisons, et je vous ferai voir démonstrativement que ceux qu’on croit vous devoir plaindre, vous doivent envier. Fiez-vous en moi ; nous compterons là-dessus en Languedoc[1].

Après cela, je vous dirai mille autres choses qui vous pourront rendre supportable un séjour de quelques heures. Préparez-vous donc à savoir gré au Roi de votre éloignement de la cour, ou vous êtes le premier de tous les ingrats du monde.

Je finis par vous protester que personne ne vous honore avec plus de respect et de fidélité que je fais.


107. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE
DE BUSSY RABUTIN.

À Paris, le 17e juin 1670.

Allons, je le veux, Monsieur le Comte, je vous écrirai quand vous m’écrirez, ou quand la fantaisie m’en prendra. Je pense qu’il ne faut rien de plus réglé à des conduites aussi dégingandées que les nôtres. C’est un assez beau miracle que nos fonds soient bons, sans nous demander des dehors fort réguliers.

Au reste, je vous déclare que, selon les gens, je fais un grand secret du mien. J’ai hasardé deux ou trois fois de le dire sans choix ; j’ai tant trouvé d’hélas, d’admirations, de signes de croix, et même de discours fâ-

  1. Le marquis de Vardes était alors exilé dans son gouvernement d’Aigues-Mortes. Corbinelli alla le rejoindre dans son exil : voyez la note 3 de la lettre 143, et la Notice, p. 148 et suivante.