Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/231

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1694 au surplus de la prudence que le fer ne soit pas trop chaud.

Pour vous, Madame la Comtesse, je suis assuré que vous êtes plus belle que jamais : je vous fais tous mes compliments, et tous mes semerciements de la bonne et aimable lettre que vous nous avez fait l’honneur de nous écrire ; vous ne devez jamais douter que je n’approuve tout ce que vous approuvez, et que je ne sois fort content de voir entrer dans votre maison une belle-fille dont j’entends dire tant de merveilles : il n’y a pas deux avis sur son aimable figure, et sur ses manières nobles et polies, qui font honneur à son éducation. J’ai bien de l’impatience d’avoir l’honneur de vous voir tous ensemble ; mais encore faut-il que je fasse ma révérence à ces illustres prélats, et à M. de la Garde, et que je leur fasse aussi mon petit compliment.

Pour vous, charmante Pauline, il faut vous souhaiter un mari, et un mari digne de vous ; dès que je fais ce souhait, vous voyez bien que je ne veux point vous être de quelque chose de plus d’un côté ; non en vérité, j’aimerois mieux avoir perdu mon petit doigt, je vous l’ai déjà dit.

Je reviens maintenant à vous, adorable gouvernante, pour vous remercier de la lecture que vous venez de faire, et pour vous assurer que je vous honore, et que je vous aime toujours plus que ma vie. Maintenant que je suis à Paris, et que j’y serai quelque temps, j’espère que nous aurons plus de commerce ensemble ; car en vérité il n’y a pas moyen d’écrire au pays d’où je viens. J’ai mis dans ma hotte toute la maisonnée d’Armagnac, qui m’occupe encore beaucoup : c’est tout vous dire, qu’on me