1695
1404. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.
On voit bien que vous avez oublié le climat de Paris, mon amie, puisque vous croyez avoir plus froid que nous : jamais il n’y a eu un hiver comme celui-ci. Le soleil se fait voir depuis deux jours, mais il ne se laisse point sentir ; c’ est un privilège dont vous jouissez a Grignan, j’en suis assurée. Je comprends à merveilles que Mme de Grignan se fasse un plaisir de ne point faire de visites ; c’ est un avantage que j’ai au milieu de Paris ; mais aussi n’ai-je point de raison pour m’incommoder : point d’enfants, point de famille ; grâces à Dieu, assez de dégoût pour ces fatigantes occupations ; bien des années, et une assez mauvaise santé ; tout cela me fait demeurer au coin de mon feu avec un plaisir, pour moi, que je préfère à d’autres qui paroissent plus sensibles ; mais une retraite que j’admire, c’est celle de Mlle de la Trousse[1] ; Dieu lui fait de grandes grâces, et son état est maintenant bien digne d’envie. Mme de Chaulnes veut toujours se reposer, et court incessamment. Il y a chez elle des dîners magnifiques : le chevalier de Lorraine, M. de Marsan, M. le cardinal de Bouillon ; cela se soutient de cette sorte tous les jours de la semaine. Mme de Pontchartrain est assez malade ; la comtesse de Gramont est retournée à la cour
- ↑ Lettre 1404. — 1. Il faut sans doute lire ici Mme de la Trousse (voyez tome III, p. 131, note 4) : nous ne croyons pas qu’il y eût alors une Mlle de la Trousse ; la fille du marquis (tome VI, p. 349, note 9) était mariée très-probablement, puisqu’elle resta veuve avec des enfants, dit Moréri, en octobre 1698. La veuve du marquis de la Trousse, dont nous pensons qu’il est question, ne tarda pas à rentrer dans le monde : voyez la lettre de Coulanges du 4 mars 1695, dernier alinéa, p. 253. — Voyez cependant ci·-dessous, p. 313, la note 1.