" 17. -- DE L'ABBE DE GRIGNAN A***[1]1
Monseigneur,
Je ne sais que depuis très-peu de temps les bontés que vous avez eues[2] pour moi dans votre voyage de Rome, et les sollicitations pressantes que vous avez faites plusieurs fois au pape pour m'obtenir des bulles gratis ; j'ai même ignoré jusques à cette heure que la lettre que je me donnai l'honneur d`écrire sur ce sujet à Votre Eminence lui eût été rendue : je pense qu`elle n'a pas assez méchante opinion de moi pour croire que si j`eusse été averti plus tôt de ces obligations, j`eusse été si lent à vous donner des marques de ma respectueuse reconnoissance. Ce n'est pas qu'avec vous, Monseigneur, cet empressement n'est pas une chose absolument nécessaire : vous en avez encore un plus grand à oublier les biens que vous faites et à dispenser les gens de vous être obligé. Cependant, Monseigneur, je vous le suis autant qu`on le peut être, et j’en ai tous les sentiments que je dois avoir ; et quoique je me doive la justice de croire que Mme de Grignan a eu beaucoup de part à ce que vous avez fait en ma faveur, je ne veux pourtant pas la charger d'aucune reconnoissance, et je prétends la garder toute entière pour moi,
- ↑ LETTRE 17 (revue sur l'autographe). -- I. Cette lettre, signée l'abbé de Grignan, est sans suscription , mais il est assez naturel de penser que Retz est le cardinal à qui elle fut adressée. Ce cardinal y est remercié des démarches faites à Rome à la sollicitation de Mme de Grignan, qui était, on se le rappelle, la chère nièce de Retz (voyez tome II, p. 505.) Depuis le mariage de celle·ci, Retz assista à deux conclaves : à la fin de 1669 et au milieu de 1676 ; il fut de retour la première fois en juin 1670 ; la seconde, en septembre 1676. -- Le bel abbé soutint son acte en Sorbonne le 30 mars 1672 ; mais il pouvait même auparavant posséder quelque bénéfice (il eut l’abbaye de Saint-Hilaire de Carcassonne) et avoir besoin de bulles. Il était agent du clergé en 1675. La lettre est probablement de 1676.
- ↑ 2. Il y a eu, sans accord, dans l'autographe.