Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/102

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voie ! Regardez plutôt ceci, si vous voulez, comme une préface ; et comme elles sont rarement bonnes, j’espère que vous aurez quelque indulgence pour celle-ci. Il n’est pourtant point question d’

Un auteur à genoux dans une humble préface,

Au lecteur qu’il ennuie qui doit demander grâce[2]

je ne m’attends qu’à des remerciements. Vous savez, mon cher cousin, ou si c’est à un lecteur indifférent à qui je parle,[3] il saura que c’est ici une mère qui écrit à sa fille tout ce qu’elle pense, comme elle l’a pensé, sans avoir jamais pu croire que ses lettres tombassent en d’autres mains que les siennes. Son style négligé et sans liaisons[4] est cependant si agréable et si naturel, que je ne puis croire qu’il ne plaise infiniment aux gens d’esprit et du monde qui en feront la lecture.

Un agrément qui seroit à désirer à ces lettres, c’est la clef de mille choses qui se sont dites ou passées[5] entre elles ou devant elles, qui empêcheroit que rien n’en

  1. une lettre de Voltaire au comte de Tressan, tome LII, p. 362, et ci-dessous la lettre de Mme de Simiane du 3 décembre 1736), il put bien préférer de n’être pas désigné plus clairement en tête de la première édition des lettres de Mme de Sévigné, dont la préface est aussi donnée comme étant de « M. de Bussy »
  2. 2. Un auteur à genoux dans une humble préface Au lecteur qu’il ennuie a beau demander grâce. (Boileau, Satire IX, vers 187 et 188.) L’édition de la Haye omet le second vers, sans doute à cause de la faute d’ennuie sans élision.
  3. 3. Tel est le texte du manuscrit, et de l’édition de la Haye. Les trois autres impressions de 1726 corrigent « à qui je parle » en « que je parle ».
  4. 4. Nos quatre éditions de 1726 donnent « sans liaison », au singulier.
  5. 5. « ……qui s’étoient dites ou passées, etc. » (Édition de la Haye, 1726.) Cette même édition omet les mots « qui empêcheroit que rien n’en échappât. »