Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/211

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choix que le printemps en a fait pour y répandre cette année toutes ses faveurs, que pour lui en marquer ma joie et ma reconnoissance, je vais mercredi[1] y faire un voyage de deux jours. Je vous en rendrai compte. J’emprunterai pour cela la plume de quelque académicien de Marseille [2] , et moyennant les fleurs qu’il emploiera dans sa description, vous ne saurez pas s’il y en a à Belombre.

  • 64- DE MADAME DE SIMIANE AU MARQUIS

DE CAUMONT[3].

A mon tour je vous prie, mon cher Marquis, de me donner des avis sur la marche de l’Éminence Polignac. On prétend qu’il va à Àuch, et en tournant et retournant sa marche de toutes les façons, il ne peut, dit-on, passer qu’à Avignon. Au nom de Dieu, que je le sache! J’y volerai, et me flatterai que cette circonstance redoublera votre attention.

J’ai vu Belombre. Je vous en avois promis la description, mais il n’y en a point qui ne lui fît tort. Tout ce qui décore le petit jardin est cette année dans le plus haut point de perfection. Rivière, bois, fleurs, palissades, fontaines, prairies, lilas, noble épine, chèvrefeuille, orangers, les voilà en gros et en détail. Il n’y a rien, en vérité, de si surprenant que ce rien-là. Venez-y, mon cher Marquis, et que ce ne soit pas là une de ces choses qu’on aime mieux croire que d’y aller voir.

Dites, je vous prie, à Chateauvieux que j’ai reçu les

  1. 9. L’autographe porte mecredi.
  2. 10. Il y avait à Marseille une académie des belles-lettres, sciences et arts, établie par lettres patentes du Roi de 1726. Le duc de Villars en était protecteur.
  3. LETTRE 64. n-- 1. Cette lettre inédite a été revue sur l'autographe.