Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ig5

1734

mon projet, que je l’avois écrit à M. de Caumont, et je ° m’étois annoncée pour notre passage en terre papale; mais ce que vous avez cru faciliter ce voyage, le rompt entièrement. La princesse de Modène arrivant avec nos galères à Marseille, il n’y avoit pas moyen de ne la pas aller voir; je m’y suis donc rendue cinq ou six jours avant elle, et je l’en ai vue partir. L’aller, le venir, le séjour, tout cela a mis sur les dents ma vieille et délicate machine il me faut un repos considérable, et il ne m’est plus possible de sortir de ma cellule d’Aix de tout mon hiver. Vous croyez bien que j’en suis très-fàcliée au moins si vous êtes équitable, vous n’en devez pas douter. Passer ma vie sans vous voir, ma chère cousine, n’est pas une chose que je supporte autrement que comme une privation douloureuse et une grande pénitence. Je viens de vous quitter à Marseille notre cher bailli* m’a reçue chez lui, m’a donné sa chambre, et votre portrait continuellement sous les yeux. Vous savez comme on est chez ce bailli la meilleure chère, tous les soins, les attentions, la propreté, la liberté; enfin c’est un charme, et je vous prie de m’aider à le bien remercier. J’ai été occuper votre place; car dans la, vérité vous devriez le venir voir quelquefois, et que toutes les faveurs ne fussent pas pour le prélat3.

Qu’il est aimable ce prélat d’être toujours gai, toujours jeune! Il a raison, c’est une folie de s’assujettir aux caprices des années; elles viennent nous apporter la vieil.lesse et les infirmités il n’y a qu’à ne pas les recevoir. Notre premier président* n’a pas attendu leur grand 2 ;V. des Alrios, bailli de Malte.Voyez ci-dessus, p. go et note 1 3. Louis-Charles des ÀMcs du Rousset, érêque de Béziers (de décembre 1702 à 1743), frère du marquis de Rousset.

4. Le Bret voyez ci-dessus la Notice sur Mme de Simïane, p à 9, note l, et p. 86, note 2. Il mourut à Marseille dans la nuit du