Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/287

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j’aurai l’honneur de la voir; elle me fit celui de venir chez TJ moi je trouvai en elle un changement très-considérable l’ elle est toute posée, toute considérée, ses discours ont totalement perdu l’air de couvent, et le ton aussi on écoute les autres, on répond juste, on ne bat point la campagne, on ne parle point continuellement nippes (je m’aperçois qu’en vous disant tout ce qu’on ne dit et ne fait plus, c’est vous dire ce qu’on disoit et faisoit mais il n’y a qu’honneur quand tout est corrigé) on jette de petits propos sur le bonheur unique de bien vivre avec un ` mari; on veut partager son temps entre une grand’mère où l’on s’ennuie et une tante ou l’on se divertira modérément car on veut conserver et ménager beaucoup sa grossesse enfin, Monsieur, je fus charmée; on ajoute des choses tendres et polies pour sa belle-mère. Je vous félicite de tout cela; mais je vous gronde de ne me l’avoir pas annoncé, car vous vous en étiez bien aperçu. Je crois que vous aurez bientôt cette sœur, dont vous avez l’idée comme de la femme qui ne se trouve point; quand je dis que vous l’aurez, vous entendez bien le figuré9, elle existera; je ne crois pas que vous l’ayez avec Mme de. Nous voulons nous aimer infiniment10. Voilà ce que ma fille vient de me mander sur les citrons. On dit, Monsieur, que vous avez été àAix; je n’en sais rien, je ne vous ai ni vu, ni parlé vous le voyez bien par cette lettre.

8. Dernier mot de l’autographe.

g. Texte de 1778; dans celui de 1818 « vous entendez bien figuré, elle. »

10. Tel est le texte de 1773 et de 1818 la réimpression de 1830 porte « Nous voulons vous aimer infiniment. »