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3o8 CH. DE SÉVIGNÉ ET DACIER

M. de S* me reprochera-t-il a s’il est permis’ de traduire ainsi

les mots les plus ordinaires, on ne saura plus ce que les termes veulent signitier? » Il me semble qu’il a tort de se plaindre, mais je ne le quitte pas encore. Voici d’autres textes formels qui lui expliqueront ce que c’est que commune et puUicum, qu’il faut nécessairement entendre pour entendre Horace. Je me renferme dans les jurisconsultes, parce qu’Horace parle ici en législateur.

Quie sunt communia, eorum proprietas nulllus est. (L. Ergo in fin. de

Acquir. rer. dom.)

Ouïe sunt publica, eorum proprietas alicujus est. Mx commumbus, qum

occipari possunt occupanti in medio posita sunt. (L. i de Interdic.)

Rcrum conzmunirtm proprietas omnibus vacat, rerum publicarum non

item. (L. Fluminum a4- D. de Dam")

Mais ce qui est encore plus surprenant, c’est qu’Horace lui-même

s’en est servi dans le célèbre apologue du Cerf et du Cheval 5

Ceri’us e/juum, pugna melior, communibus herbis

Pellebat*.

« II le chassoit des herbes communes, » c’est-à-dire des prairies

qui étoient au premier occupant, et auxquelles tous les animaux avoient autant de droit les uns que les autres. Il est aisé de voir présentement pourquoi Horace a appelé les sujets nouveaux et les sujets inventés communia, « communs » c’est qu’ils appartenoient au premier occupant, et que jusque-là la propriété n’en étoit à personne et pourquoi il appelle les sujets connus pubtica materies c’est parce qu’après qu’ils ont été inventés, ils cessent d’être communia, dées par personne elles peuvent devenir la propriété de celui qui les occupe »

1. C’est-à-dire M. de Sévigné m’adressera-t-il encore après cela cette cri-

tiqne contenue dans son factum « S’il est permis, etc. » Voyez ci-dessus,

P.2U9.

p. 2. 299. 1 Les choses qui sont communes, la propriété n’en est à personne. (Par ar-

gument des derniers mots de la loi Ergo, la trentième au titre I" du livre XL1 du Digeste, de Acquirendo rerum. dominio.) » Les choses qui sont publiques, la propriété en est à quelqu’un (voyez ci-dessus, li. 3o5, note 3). Parmi les choses communes, celles qui peuvent être occupées sont à tout occupant. (Par argument de ta loi Pideamus, la première au titre I«r du livre X.LIII du Digeste, de Interdictis.) » « Des choses communes la propriété est ouverte à tous; il n’en est pas de même de la propriété des choses publiques. (Par argument de la loi’ Flumimim, la vingt-quatrième au titre II du livre XXXIX du Digeste, de Damno infeclo.) »

3. Épitre x du livre I, vers 34-38.

4. « Le Cerf, plus fort au combat, chassait le Cheval des herbages com-

muns. s