Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/42

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xxxvi ` LETTRES INEDITES

quand les ennemis seroient descendus, ils ne pourroient faire aucun tort à la ville, ni même dans le pays, à cause des retranchements naturels qui l’environnent. Ce ne sont que marais salants et des canaux; le terrain est de terre grasse, en telle sorte que quand il a plu une demi-heure, on y enfonce jusqu’à la cheville du pied; et dans un beau temps, il suffiroit de rompre deux ou trois chaussées près de la ville pour en rendre toutes les avenues impraticables.

Il semble, Monseigneur, que dans tout le comté nantois il n’y ait que deux ou trois endroits d’exposés le premier et le plus considérable est l’embouchure de la rivière, à cause de Painbeuf le second est le Pouliguen[1] et le troisième, le Croisic. Il y a auprès de Saint-Nazaire un lieu qu’on appelle la Bonne-Anse, où les ennemis pourraient aisément se mettre à couvert en attendant la marée. Je me donnerai bientôt l’honneur de vous envoyer un plan très-régulier auquel je fais travailler présentement, et si vous m’ordonnez quelque chose, Monseigneur, je l’exécuterai avec toute l’exactitude possible. Monsieur l’évêque de Nantes m’a dit, Monseigneur, qu’il vous avoit mandé l’état ou je suis avec M. de Morveaux[2]. M. l’abbé de Boylesve5[3] est venu ici depuis dix ou douze jours, et a cru marquer un grand zèle à M. de Lamoignon en mettant toutes sortes d’extravagances dans la tête de M. de Morveaux,*et en le confirmant dans toutes celles qu’il avoit déjà. Il en est arrivé, Mon

  1. 3. Actuellement dans le canton du Croisic et l’arrondissement de Savenay.
  2. 4- Lieutenant du marquis de Molac le lieutenant général, en guerre avec le nouveau lieutenant de Roi ; voyez les lettres de Charles de Sévigné à Lamoignon des 25 juin et juillet 1695, tome X, p. 290 et agi, 298 et 299.
  3. 5. Voyez la dernière lettre citée, tome X, p. 298.