Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/597

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NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. 5n r

dant quelquefois, mais ce n’est le plus souvent que pour rendre le sens plus facile à saisir’.

Cet éditeuru’a pas suivile même système dans l’édition de 1734: il l’annonce lui-même dans sa préface :« Les fonctions d’un éditeur, dit-il, ne sont pas toujours aussi bornées qu’on le pense ordinairement jaloux d’un ouvrage posthume qu’il publie, il doit se représenter sans cessece qu’auroit faitl’auteur lui-même, si celui-ci avoït eu le temps d’y mettre la dernière main. Lui eontestera-t-on la liberté de supprimer ce qui ne lui paroit point également propre à voirle jour?» Aussi M. de Perrina-t-il cru pouvoirretoucher toutes les lettres de Mme de Sévigné il a châtié son style. Deux mots semblables se trouvoient-ils rapprochés, l’un a été remplacé par un équivalent; des phrases trop longues ont été coupées il n’a plus été permis à Mme de Sévigné de laisser échapper la moindre négligence, et son style, si éminemment naturel et simple, a été soumis àla correction sévère du puriste. Ces changements n’ont pas été les seuls les expressions de tendresse qui découlent de la plume de cette mère passionnée ont été souvent regardées comme trop familières. Dans les éditions de 1726 et dans les lettres originales que l’éditeur a pu consulter, Mme de Sévigné n’emploie avec Mme de Grignan que ces mots naïfs et tendres: ma bonne, ma chère bonne*- et dès l’édition de 1734 ces expressions se sont changées en ma fille, mon enfant. Ces derniers mots sont même employés plus rarement dans l’édition de 1754, et ce n’est le plus souvent qu’un vous sec et froid que cette mère si tendre adresse à l’objet unique de ses affections. Il faudrait citer toutes les pages de l’édition de 1754 pour indiquer tous les changements que le texte y a subis. On y remarque aussi de nombreux retranchements. Les uns ont été faits par les motifs qu’on a déjà développés les autres paroissent avoir eu pour objet d’écarter des yeux d’un lecteur, qu’on suppose indifférent, de petits détails intérieurs, qui ont cependant trouvé grâce auprès des admirateurs de Mme de Sévigné, depuis qu’elle a su nous intéresser à tout ce qui l’oecupoit, et que par son rare talent elle a en quelque sorte placé sa famille au rang de celles que l’histoire réclame. Souvent aussi l’on a effacé, ou du moins abrégé, les expressions de tendresse qui terminent ses lettres, et dans lesquelles cependant, toujours féconde en inpts heureux, Mme de Sévigné a trouvé le secret peu commun dese î: Ainsi l’interprétation des chiffres a souvent été fondue dans le texte de l’édition de i?34, tandis que dans celle de 1554 on a rétabli les chiffres dans le texte, et des notes en ont donné la valeur. {Ffote de l’édition de 1818.) 2. M. Leblond avoit déjà observé que M. de Perrin avoit fait ce changement. Voyez YAris qu’il a mis en tête de Quelques lettres de Mme de Sévigné. {Note de l’édition de 1818.)