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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/598

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5ia NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.

ressembler rarement. Quelquefois le texte, resserré dans un froid ex-

trait, a perdu la plus grande partie de son charme. Ainsi, dans la

lettre du 18 mars 1671, Mme de Sévigné donne à Mme de Grignan

de sages avis sur la conduite qu’elle doit tenir en faisant les hon-

neurs de son gouvernement. « Ii est vrai, dit-elle dans l’édition de

1734, que c’est un métier tuant que cet excès de cérémonies et de

civilités; mais cependant ne vous relâchez sur rien; tâchez, mon en-

fant, de vous ajuster aux mœurs et aux maniii’res des gens avec qui

vous avez à vivre accommodez-vous un peu de ce qui n’est pas

mauvais, ne vous dégoûtez point de ce qui n’est que médiocre faites-

vous un plaisir de ce qui n’est pas ridicule. » Et on lit dans l’édi-

tion de 1754 « « XI est vrai que c’est un métier tuant que cet excès de

cérémonies et de civilités tâchez cependant de ne vous relâcher sur

rien, et de vous accommoder aux mœurs etaux manières de ceux avec

qui vous avez à vivre. » Peut-on balancer un Instant entre le texte de

1784; presque d’accord avec les éditions de 1726, etl’extrait de 1764?

Il semble difficile de révoquer en doute ce qui a été exposé jus-

qu’à présent; mais s’il étoit possible qu’il existât l’incertitude la plus

légère, elle seroit détruite par le rapprochement de quelques lettres

originales, publiées pour la première fois dans l’édition de ij54-

M. le marquis d’Héricourt en possède plusieurs qu’il a eu la bonté

de nous communiquer; leur cornparaisonavec les lettres imprimées1 t

a fait reconnoître les mêmes différences et le même système de retran-

chement, déjà signalé en conférant l’édition de 1784 avec celle qui

l’a précédée.

Il est indispensable d’en mettre des exemples sous les yeux des

lecteurs

Mme de Sévigné venoit de laisser sa fille à Paris; elle se rendoit

en Bretagne, pour y passer l’année et rétablir ses affaires elle écrit

a sa fille, le aoseptembre 1684, suivant l’édition de 1754 « Ah! que

ce commencement aétébien rangé! Vousme paroissez assez mécon-

tente de votre voyage (de ~M’j.’ct~M). ? »

Tandis qu’on lit dans la lettre originale, écrite en entier de la main

de Mme de Sévigné « Ma bonne et très-aimable, que ce commen-

cement a été bien raugé Vous affectez de paroitre une véritable

Dulcinée. Ah que vous l’êtes peu 1 et que j’ai vu, au travers de la

peine que vous prenez à. vous contraindre, cette même douleur et

cette même tendresse qui vous fit répandre tant de larmes en nous

séparant. Ah ma bonne, que mon cœur est pénétré de votre amitié

1. Ces lettres sont des années 1684, i685 et 16875 elles sont indiquées par

un signe particulier (ùne croix -[). Voyez l’Observation qui est à la suite de la

Sotict iUiliegraphii/ae. {.Vote de l’édition de iSig.)