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1671

maréchale d’Humières, Mmes d’Arpajon, de Beringhen, de Frontenac[1], d’Outrelaise[2], Raimond et Martin. Vous n’y fùtes point oubliée. Je vous conjure, ma fille, de me mander sincèrement des nouvelles de votre santé, de vos desseins, de ce que vous souhaitez de moi. Je suis triste de votre état, je crains que vous ne le soyez aussi ; je vois mille chagrins, et j’ai une suite de pensées dans ma tête, qui ne sont bonnes ni pour la nuit ni pour le jour.

À Livry, ce mercredi 29e avril.

Depuis que j’ai écrit ce commencement de lettre, j’ai fait hier, ma chère bonne, un fort joli voyage. Je partis assez matin de Paris ; j’allai dîner à Pompone[3] ; j’y trouvai

  1. 5. Anne de la Grange, d’abord Mlle de Neuville, fille de Charles de la Grange Trianon, sieur de Neuville, maître des comptes, et de sa première femme. C’est l’ancienne dame d’honneur et maréchale de camp de Mademoiselle, qu’elle avait quittée, comme la comtesse de Fiesque, en 1657. « Elle et son amie, Mlle d’Outrelaise, qui ont passé leur vie logées ensemble à l’Arsenal (dans un bel appartement que le duc du Lude avait donné à Mme de Frontenac), étoient des personnes dont il falloit avoir l’approbation… Elles donnoient le ton à la meilleure compagnie de la ville et de la cour… On les appeloit les Divines… Mme de Frontenac étoit (à sa mort en 1707) extrêmement vieille… Elle n’avoit point d’enfants et peu de bien, que par amitié elle laissa à Beringhen, premier écuyer. » (Saint-Simon, tome II, p. 271, et tome V, p. 335 et suivante.) — Son mari était Louis, fils d’Henri de Buade comte de Palluau et de Frontenac, et d’Anne Phélypeaux. Il eut en 1672 le gouvernement du Canada, « où il fit si bien longues années, qu’il y fut renvoyé en 1689, et y mourut à Québec, à la fin de 1698. » (lbid., tome V, p. 336.)
  2. 6. Madeleine d’Outrelaise était, d’après Tallemant des Réaux, parente de la comtesse de Fiesque. « C’étoit, dit Saint-Simon (tome V, p. 335), une demoiselle de Poitou, de parents pauvres et peu connus, qui avoit été assez aimable, et qui perça par son esprit. » Elle mourut longtemps avant son amie, Mme de Frontenac. Voyez la note précédente.
  3. 7. Sur les bords de la Marne, près de Lagny, non loin du château de Fresnes.