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pour me témoigner votre amitié. Voilà justement l’occasion où je vous en demande une preuve ; voilà sur quoi je vous devrai du reste, si vous voulez bien, pour l’amour de moi, avoir beaucoup de soin de vous. Ah ! ma bonne, qu’il vous sera toujours aisé de vous acquitter avec moi ! Hélas ! des trésors et tous les biens du monde me pourroient-ils donner tant de joie que votre amitié ? Comme aussi, tournez la médaille, l’enfer n’est pas pis que le contraire.

Votre lettre à Mme de Villars est très-bonne : il faudroit être sourde pour ne pas vous entendre. Elle ne paroît pourtant pas d’un style si vif que d’autres que j’ai vues de vous ; mais elle en sera très-contente, et personne n’écrit mieux que vous. Quand le Coadjuteur n’aura plus mal au pied, je le conjure de vouloir bien faire réponse à Monsieur d’Agen[1] sur cette religieuse qui met tout son diocèse sens dessus dessous : je prendrai cette lettre pour être à moi, et lui ferai crédit de trois mois. Je ne puis m’imaginer ses allures, comme celles de M. de la Rochefoucauld ; elles sont bien différentes de celles que l’on a quand on travaille à les mériter : ceci n’est-il point un peu labyrinthe ? l’entendez-vous ? cela s’appelle des choses fines.

Mais qu’est-ce que vous me dites d’avoir mal à la hanche ? Votre petit garçon seroit-il devenu fille ? Ne vous embarrassez pas : je vous aiderai à l’exposer sur le Rhône dans un petit panier de jonc, et puis elle abordera dans quelque royaume, où sa beauté sera le sujet d’un roman. Me voilà comme don Quichotte. Il y a d’horribles endroits dans Cléopatre ; mais il y en a de beaux, et la droite vertu est bien dans son trône. Nous avons achevé le Tasse avec plaisir et déplaisir : nous ne savons plus où nous attacher ; il faut attendre que les états

  1. 3. Claude Joly. Voyez la note 4 de la lettre 132.