Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 314 —

1671


soient partis pour entreprendre quelque chose. Étoit-ce à vous que je mandois l’autre jour qu’il sembloit que tous les pavés[1] fussent métamorphosés en gentilshommes ? Je n’ai jamais vu tant de monde. Je m’imagine que les états de Languedoc sont encore plus beaux. Mais vous, ma fille, donnez-moi des nouvelles de ce qui se passe autour de vous[2]. Ne sentez-vous point un peu la pesanteur de votre charge ? J’en suis accablée et crois que l’autre vous étoit meilleure. N’espérez-vous pas toujours la même grâce de votre Assemblée[3] ? Comment êtes-vous avec le Marseille[4] ? Eh, mon Dieu, que je suis bien de Provence, et que ce pays-là est bien devenu le mien ! Ah, ma bonne, falloit-il que ma vie fût rangée et marquée si loin de la vôtre !


Il n’y avoit que vous, mon cher Grignan, qui pussiez me résoudre à la donner à un Provençal : mais, dans la vérité, cela est ainsi, j’en prends à témoin Caderousse et Mérinville[5] ; car si j’avois trouvé autant de facilité et de disposition dans le cœur de ma fille pour ce dernier que j’en ai trouvé pour vous, et que je n’eusse pas été la reine des incidents, par la peur que j’avois de conclure,

  1. 4. Dans l’édition de 1754 : « tous les pavés de Vitré. »
  2. 5. Cette phrase n’est que dans les éditions de Perrin. La précédente a été supprimée dans l’édition de 1754, et ainsi modifiée dans celle de 1734 : « Je ne m’imagine point que les états de Languedoc puissent être plus beaux. »
  3. 6. Elle se réunit à Lambesc au mois de septembre suivant.
  4. 7. L’évêque de Marseille. Voyez la note 1 de la lettre 117.
  5. 8. Voyez la Notice, p. 102, 103 ; la note 5 de la lettre 73, et la note 14 de la lettre 137. — Le nom de Mérinville a été imprimé pour la première fois dans l’édition de 1754. Il a été remplacé par des points dans les éditions de 1726, par trois astérisques dans celle de 1734.