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on s’est mis à boire, mais à boire, Dieu sait ! M. de Chaulnes n’a pas oublié dans une si belle occasion la santé de la gouvernante de Provence, et un Breton ayant voulu nommer votre nom et ne le sachant pas, s’est levé, et a dit tout haut : « C’est donc à la santé de Mme de Carignan. » Cette sottise a fait rire MM. de Chaulnes et d’Harouys jusqu’aux larmes. Les Bretons ont continué, croyant bien dire, et vous ne serez d’ici à plus de huit jours[1] que Madame de Carignan ; quelques-uns disent la comtesse de Carignan : voilà en quel état j’ai laissé les choses.

J’ai fait voir à Pomenars ce que vous dites de lui. Il veut vous écrire, et en attendant je vous assure qu’il est si hardi et si effronté, que tous les jours du monde il fait quitter la place au premier président, dont il est ennemi, aussi bien que du procureur général ; mais cela n’est pas une affaire : c’est Bussy tout à fait. Mme de Coetquen[2] venoit de recevoir la nouvelle de la mort de sa petite fille ; elle s’étoit évanouie. Elle est très-affligée, et dit que jamais elle n’en aura une si jolie ; mais son mari en est inconsolable. Il revient de Paris, après s’être accommodé avec le Bordage : c’étoit la plus grande affaire du monde. Il a donné tous ses ressentiments à M. de Turenne[3]. Vous ne vous en souciez guère ; mais cela se trouve au bout de ma plume.

Il y avoit dimanche un bal. Il y avoit une basse Brette

    l’assemblée de l’affection du Roi et des marques effectives qu’elle en recevroit toujours dans la conservation de ses priviléges. » Voyez la Correspondance administrative publiée par M. Depping, Paris, 1850, tome I, p. 509.

  1. 5. Dans l’édition de Rouen : « quinze jours. »
  2. 6. Voyez la note 3 de la lettre 174.
  3. 7. Turenne était intimement lié avec Mme de Coetquen. Il lui avait révélé le secret du voyage de Madame Henriette en Angleterre. Par cette indiscrétion, le chevalier de Lorraine, amant de Mme de