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je suis trop habile sur ce chapitre ; mais il faut avouer aussi que je ne l’ai pas appris sans mettre beaucoup au jeu.

Que dites-vous de Marsillac qui est duc ? J’approuve fort ce qu’a fait son père : c’étoit le seul moyen de le faire jouir de cette dignité sans une extrême douleur. C’eût été un honneur bien empoisonné que de l’avoir en perdant un tel père. Il me semble aussi que le nom et le mérite de M. de la Rochefoucauld est une dignité fort au-dessus de celle qu’il a donnée.

La Marans voulut aller l’autre jour à Livry avec Mme de la Fayette ; on la renvoya sans autre forme de procès. Elle contoit qu’elle avoit eu tout le jour Monsieur le Prince chez elle, et on ne fit pas semblant de l’écouter. Oh ! ma fille, cela est bon, et fait bien enrager les folles qui se vantent.

En fermant ma lettre, je vous parlerai des états, et de mon heureux retour aux Rochers.


« Il n’est si bonne compagnie qui ne se sépare, » dit M. de Chaulnes aux Bretons, quand il les renvoya chez eux. Les états finirent à minuit. J’y fus avec Mme de Chaulnes et d’autres femmes. C’est une très-belle, très-grande et très-magnifique assemblée. M. de Chaulnes a parlé à tutti quanti avec beaucoup de dignité, et en termes convenables à ce qu’il avoit à dire. Après dîner, chacun s’en va de son côté. Je serai ravie de retrouver mes Rochers. J’ai fait plaisir à plusieurs personnes : j’ai fait un député, un pensionnaire[1] ; j’ai parlé pour des misé-

  1. 6. Walckenaer (tome IV, p. 37) cite un fait intéressant rapporté par M. Louis Dubois, sous-préfet de Vitré (Recherches nouvelles sur Mme de Sévigné, p. 70), et explique ainsi ce passage : « Par acte passé le 2 septembre 1671, Mme de Sévigné fit une rente de cent francs