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cousin, la douleur que j’ai de l’état de votre fortune : ce seroit vouloir escroquer des reconnoissances. Quand je vois des gens fort heureux, je suis au désespoir : cela n’est pas d’une belle âme ; mais le moyen aussi de souffrir des coups de tonnerre de bonheur comme il y en a, dit-on, pour les inclinations !

Je vous remercie de votre compliment sur l’accouchement de ma fille ; c’en est trop pour une troisième fille de Grignan[1]. Mais que dites-vous de la charge de grand maréchal des logis qu’on vient de donner à votre cousin de Thianges ?

Chimène, qui l’eût cru ? — Rodrigue, qui l’eût dit[2] ?

Je me tais tout court : j’irois trop loin si je ne me retenois[3]. Je dirai encore pourtant que je suis au désespoir


    tions des Lettres de Bussy que par un P., et Grouvelle a cru que cette initiale devait signifier Pompone ; mais M. de Pompone était alors en Hollande, où il avait été envoyé peu de temps après son retour de Suède (voyez les Mémoires de l’abbé Arnauld, aux années 668 et 67). On lit Plombières dans le manuscrit original ; et dans une lettre écrite par Bussy Rabutin à Corbinelli, le 8 du même mois, on voit ce passage : « Nous avons eu ici deux mois durant Plombières. Si j’étois plus content de vous, je vous apprendrois des choses de lui qui vous réjouiroient ; mais vous ne les méritez pas, etc. » (Correspondance de Bussy, tome I, p. 34.)

  1. 2. Il y en avait deux du premier mariage du comte de Grignan avec Angélique-Clarice d’Angennes : à savoir Louise-Catherine, appelée Mlle de Grignan, morte en 735, et Françoise-Julie, Mlle d’Alerac, mariée en 689 au marquis de Vibraye. — Voyez la Notice, p. 247 et suivantes, 25 et suivantes.
  2. 3. Corneille, le Cid, acte III, scène iv. La place des noms propres est intervertie.
  3. 4. La note 5 de la lettre 9 explique la rapide fortune de la famille de Thianges. — La grand’mère de Bussy était Élie de Damas, grand-tante du marquis de Thianges, mari de la sœur de Mme de Montespan. Voyez la Généalogie, tome I, p. 342. Mme de Sévigné ne partage point cette parenté avec Bussy : aussi lit-on dans le manuscrit votre, et non pas, comme dans les éditions, notre cousin. Quant à