du comte de Guiche[1] ? Adieu, mon enfant, je suis à vous. J’embrasse M. le lieutenant général[2] qui n’est plus chasseur.
1671
209. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Vous savez que je suis toujours un peu entêtée de mes lectures. Ceux à qui je parle ou à qui j’écris ont intérêt que je lise de bons livres. Celui dont je veux parler présentement, c’est toujours de Nicole, et c’est du traité d’entretenir la paix entre les hommes. Ma bonne, j’en suis charmée ; je n’ai jamais rien vu de plus utile, ni si plein d’esprit et de lumière. Si vous ne l’avez lu, lisez-le ; et si vous l’avez lu, relisez-le avec une nouvelle attention. Je crois que tout le monde s’y trouve ; pour moi, je crois qu’il a été fait à mon intention ; j’espère aussi d’en profiter, j’y ferai mes efforts. Vous savez que je ne puis souffrir que les vieilles gens disent : « Je suis trop vieux pour me corriger. » Je pardonnerois plutôt à une jeune personne de tenir ce discours. La jeunesse est si aimable qu’il faudroit l’adorer, si l’âme et l’esprit étoient aussi parfaits que le corps ; mais quand on n’est plus jeune, c’est alors qu’il faut se perfectionner, et tâcher de regagner du côté des bonnes qualités ce qu’on perd du côté des agréables. Il y a longtemps que j’ai fait ces réflexions, et par cette raison je veux tous les jours travailler à mon esprit, à mon âme, à mon cœur, à mes sentiments.