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huit jours. Ce fut une joie si parfaite pour moi que celle de votre heureux accouchement, que ne pouvant demeurer en cet état, je me tourmentai des accidents qui peuvent arriver après. Il me falloit donc ces secondes lettres, et les voilà, ma fille, telles que je pouvois les souhaiter. Vous avez eu la colique ; vous avez eu la fièvre de votre lait ; mais vous voilà quitte de tout. Votre fils a été trois heures sans pisser, à ce que me dit le Coadjuteur ; vous étiez déjà tout épouvantée : ah ! vraiment, vous voilà bien plaisante avec votre amour maternel : quelle folie ! est-ce qu’on aime cela ? Il est blond, c’est ce qui vous charme ; vous aimez les blondins : voilà qui est bien honnête. M. de Grignan fait fort bien d’en être jaloux : vous le quittez, dit-il, pour le premier venu ; c’est pour le dernier venu qu’il veut dire. Enfin ce garçon-là fera bien des jaloux. Le Coadjuteur m’écrit des détails dignes de M. Chais ou de Mme Robinet[1]. Il me semble que vous jouez aux petits soufflets avec le Coadjuteur, n’est-il point vrai ? Je souhaite que ma présence ne vous redonne point son amitié ; c’est un bonheur pour vous que je serai bien aise de trouver tout établi.

Approchez, Monsieur le secrétaire[2] : vous riez de ma devise ; vous dites qu’elle est dans tous les livres, je le crois ; un habile homme pourtant sur cette matière ne l’a point trouvée[3] ; mais enfin je n’ai point cru l’avoir faite ; je conviens que d’autres l’ont imaginée ; mais avouez du moins qu’on ne peut vous l’appliquer sans vous faire plaisir.

  1. Lettre 226. — 1. Accoucheur et sage-femme célèbres à Paris en ce temps-là.
  2. 2. M. d’Adhémar. (Note de Perrin.)
  3. 3. Voyez plus haut, p. 412 et p. 423.