fille, ce sont les contre-temps de l’éloignement. J’y joins l’ignorance de la Provence, que je ne connois point. Vous avez un avantage qui vous empêche de me faire rire : c’est que vous connoissez ce pays-ci. Tout cela m’oblige de me rapprocher de vous, et d’aller ensuite en Provence afin de m’instruire.
Mme de Richelieu est assez bien placée ; si Mme Scarron y a contribué, elle est digne d’envie : sa joie[1] est la plus solide qu’on puisse avoir en ce monde. On me mande que Vardes revient[2].
1671
227. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Je pars tout présentement, ma fille, pour m’en aller à Paris. Je quitte avec regret cette solitude, quand je songe que je ne vous trouverai pas. Sans la Provence, je doute que j’y fusse retournée cet hiver ; mais le dessein que j’ai de faire ce voyage me fait prendre cette avance, n’étant pas possible d’y aller d’ici, ni de passer à Paris comme on passe à Orléans. Me voilà donc partie ; je m’en vais coucher chez Mme de Loresse votre parente[3], pour éviter le pavé de Laval. J’y serai demain, et vendredi j’enverrai à Laval querir mes lettres, où l’on me les doit
- ↑ 6. La joie de pouvoir témoigner sa reconnaissance. Voyez les notes de la lettre 131, p. 50.
- ↑ 7. Comme on l’a déjà dit, il ne fut rappelé qu’en 1683.
- ↑ LETTRE 227. — 1. Votre parente, du côté paternel sans doute. — La terre de Loresse est à cinq lieues au sud des Rochers. « Le château, qui remonte au seizième siècle, avec des reconstructions et réparations des dix-septième et dix-huitième, est de fort belle apparence ; il est entouré de bois, et on y arrive par de longues ave-